Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LA CANNE DE CALICOT EST UNE AUNE

En 1817, Eugène SCRIBE, alors célèbre auteur dramatique, présente au théâtre des Variétés sa pièce « Le Combat des montagnes ou la Folie Beaujon ». C’est le début d’incidents violents provoqués par les jeunes commis marchands de Paris dont il s’était moqué. Il a rapporté la cause de ces troubles dans ses Oeuvres complètes en 1841, tome III, p. 99 :

« Ainsi, des jeunes gens qui n’avaient jamais été à nos armées, des commis-marchands qui sortaient de leurs magasins, paraissaient dans toutes les promenades avec des moustaches et des éperons. Ce n’était qu’un léger ridicule ; mais comme tout ridicule est justiciable de la comédie et du vaudeville, nous introduisîmes dans « Le Combat des montagnes » une scène où M. Calicot, commis-marchand, est pris pour un militaire ; cette scène, fort médiocre et très peu développée, mit tous les magasins de Paris en hostilités avec les Variétés. Plusieurs fois le théâtre fut assiégé dans les règles, et des combats sanglants furent livrés (…) cette guerre qui, pendant plusieurs jours, mit tout Paris en émoi, qui inonda la capitale d’un déluge de pamphlets et de caricatures, et qui est restée dans les mémoires des vieux habitués des Variétés, sous le nom de Guerre des Calicots. »

C’est l’une de ces estampes que nous avons eu le bonheur de trouver et qui a sa place sur ce site. Signée E.D. et vendue à Paris chez Martinet, rue du Coq, elle est intitulée « M. Calicot à la réforme ». On y voit le dénommé Calicot bombant le torse, avec de larges pantalons blancs, l’air courroucé. Il passe au conseil de révision militaire et les dieux le débarrassent de ses pseudo attributs virils et guerriers : à gauche, Apollon lui brûle la moustache et à droite Vulcain lui casse ses éperons. L’image est ainsi légendée : « On nous ravit l’honneur ! – Eh non, c’est la moustache ».

Calicot est appuyé sur l’instrument de sa profession, puisqu’il est marchand d’étoffes : en guise de canne, il tient une aune graduée. (sur cet accessoire, voir l’article : L’aune, un bâton de mesure des tissus).

Le personnage de Calicot, « jeune commis marchand prétentieux sous la Restauration », a été étudié en détail par Peggy DAVIS dans un très intéressant article intitulé « Entre la physiognomonie et les Physiologies : le Calicot, figure du panorama parisien sous la Restauration« , qui est en ligne sur le site erudit.org.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

Leave a Reply