Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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HISTOIRES DE CANNES DURANT LA GUERRE

C’est dans un petit livre intitulé « On a souri quand même ; histoires de 39 à 44 recueillies par Roger Féral » (Editions Lajeunesse, 1945), que nous avons trouvé ces deux histoires de canne et de bâton. Comme l’écrit R. Féral, même aux pires moments de la guerre, il se racontait des histoires drôles ridiculisant l’ennemi. Boris Vian n’a-t-il pas dit que « l’humour, c’est la politesse du désespoir » ?

Voici la première histoire :

« Dans le métro : une vieille dame (très Faubourg Saint-Germain) est debout, appuyée sur sa canne.
Un monsieur se lève :
- Voulez-vous vous asseoir, madame ?
- Non, merci.
Le métro roule toujours.
Un deuxième puis un troisième monsieur se lèvent :
- Voulez-vous vous asseoir, madame ?
- Non, merci.
Le métro continue son chemin.
On arrive à l’Opéra.
Changement.
Dans le brouhaha, un officier allemand, se pressant pour descendre, se prend les pieds dans la canne et s’étale de tout son long.
Il se relève et s’éloigne.
Alors, la vieille dame, tranquillement, aux trois messieurs polis :
- Vous voyez que j’avais raison de rester debout : ça fait le septième depuis ce matin ! »

Voici la deuxième histoire.

Comme l’auteur le fait remarquer dans son introduction, il s’agit d’une des « histoire juives nées des odieuses conséquences des lois raciales. Presque toutes reflètent, malgré leur ton léger, le drame de la persécution » :

« En 1941, Hitler a décidé d’envahir l’Angleterre, coûte que coûte.
Mais sa tentative de septembre 40 lui a coûté si cher, qu’il cherche un moyen pratique de mettre son projet à exécution.
Le grand Etat-Major, les amiraux, Goering, tout le monde lui soumet des plans, mais aucun ne donne satisfaction au Fürher.
Alors, se laissant aller à l’une de ses géniales inspirations, Hitler ordonne qu’on lui amène le grand rabbin de Berlin.
On va l’extraire de son cachot et on l’amène devant le maître du IIIe Reich.
Hitler se fait tout doux. il va même jusqu’à sourire. Puis il dit :
- Monsieur le Grand Rabbin, j’ai réfléchi… Après tout, les Juifs sont des gens comme les autres. Aussi j’ai décidé d’abroger toutes les lois antisémites et de rendre à vos coréligionnaires, la liberté, leurs biens et leurs droits.
Le Grand Rabbin ne répond pas.
Il attend la suite.
Elle ne se fait pas attendre. Hitler, en effet, continue :
- Contre tout cela, je ne vous demande qu’une chose.
- Laquelle ?
- Voilà… je veux envahir l’Angleterre, et, pour cela, il faut que je fasse traverser la Manche à mes troupes. Or, ce n’est pas facile.
Le Grand Rabbin fait un signe d’impuissance, mais Hitler poursuit :
- Je vous demande de me livrer le secret qui a permis, jadis, aux juifs de traverser la Mer Rouge à pied sec. Ce que Moïse a fait, je peux bien le faire… Le secret de Moïse et les Juifs sont libres.
Le Grand Rabbin n’hésite pas :
- Le secret de Moïse… Mais il est très simple : il avait à la main un bâton, et c’est en brandissant ce bâton au-dessus de la Mer Rouge que les flots se sont ouverts devant lui. Si vous aviez le bâton de Moïse, vous pourriez essayer.
Le Fürher marche de long en large, puis, se plantant devant le Grand Rabbin :
- Et ce bâton… je peux l’avoir ?
- Pourquoi pas ?
- Vous savez où il est ?
- Oui… mais ce ne sera pas facile d’aller le prendre.
- Je peux tout ce que je veux ! Où est le bâton de Moïse ?
Alors, le Grand Rabbin, très doucement :
- Au British Museum, à Londres. »

Sur le « véritable » bâton de Moïse, voir l’article.

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