Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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DUEL A COUPS DE FOUET CHEZ LES KORDOFANS

Bien que le fouet ne soit ni une canne ni un bâton, on a vu qu’il était souvent fabriqué ou vendu dans les boutiques spécialisées dans ces objets. L’article qui suit montre aussi que le fouet pouvait servir à l’occasion d’instrument de duel.

L’hebdomadaire « Le Monde illustré » du 17 juillet 1858 consacre un article illustré au « Duel à coups de fouet » en usage chez les Kordofans (habitants de la province du même nom, au Soudan), dont voici le contenu.

« LE DUEL A COUP DE FOUET.

De toutes les façons de se battre en duel, celle dont font usage les Kordofans est peut-être la plus singulière. Deux hommes ayant résolu de vider une querelle, un endroit ordinairement découvert est choisi ; les amis et parents des deux parties belligérantes s’y assemblent, et l’on prépare le combat. Ces préparatifs sont fort simples ; ils consistent d’abord en un « angareb », ou couchette : les adversaires se placent de chaque côté et face à face, n’étant séparés que par la largeur de cet angareb.

Alors on remet à chacun un grand fouet formé d’une bande de cuir d’hippopotame ; puis l’on essaye de les réconcilier. Si cette tentative échoue, s’ils persistent dans leur résolution, le signal est donné, et aussitôt celui des deux à qui est échu l’avantage de frapper le premier applique de toute sa force un coup de fouet à son adversaire ; celui-ci le reçoit avec une fermeté stoïque, et le rend de son mieux. L’action se poursuit de la sorte : les coups se succèdent, meurtrissant le dos, les épaules, les reins (la tête doit être épargnée), faisant jaillir le sang, enlevant des lambeaux de chair.

Néanmoins, si douloureuses que soient les blessures, aucun gémissement ne sort des lèvres des combattants. La même impassibilité se fait remarquer chez les spectateurs qui gardent un silence complet.
On continue ainsi jusqu’à ce qu’un des deux adversaires, épuisé de fatigue, laisse échapper son arme. Aussitôt le vainqueur jette la sienne ; tous deux échangent une poignée de main ; la querelle est vidée ; ils sont satisfaits. Leurs amis les félicitent de leur raccommodement ; ils lavent leurs blessures, et plusieurs cruches de « mérissa » (espèce de bière) qu’on a eu la précaution d’apporter sont vidées à la gloire des deux vaillants champions, auxquels il faut faire honneur d’une réconciliation qui ne laisse jamais, chez ces honnêtes Kordofans, l’odieux regret de n’avoir pas donné la mort à leur adversaire. L.R. »

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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