Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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UTILITE DU BATON POUR LES ALPINISTES AMATEURS
Categories: Bâton du voyageur

La revue « Lectures pour tous » d’août 1909 a consacré un article amusant aux alpinistes amateurs, trop ou mal équipés, sous le titre « Ceux que Tartarin empêche de dormir ». Rien n’a changé depuis 1909 et chaque année les secouristes déplorent les accidents des touristes imprudents qui foulent la mer de glace en tongs, s’écartent des pistes, partent en randonnée sans consulter la météo, etc.

L’auteur a puisé dans la littérature des exemples de pseudo-héros qui ont connu des déboires dans les Alpes et les Pyrénées.
Ainsi, Alexandre Dumas se souvient, dans ses « Impressions de voyage », de « cette Mer de Glace dont on ne peut mesurer la largeur que lorsque l’on se trouve au milieu de ses vagues, et dont les horribles craquements semblent des plaintes inconnues, qui montent du centre de la terre jusqu’à sa surface. Je ne pus rester au milieu de ces crevasses ouvertes sous mes pieds, de ces vagues suspendues sur ma tête ; je pris le bras de mon guide et je lui dis : « Allons-nous en ! » Payot me regarda. « En effet, vous êtes pâle, me dit-il. » – Je ne me sens pas bien. – Qu’avez-vous donc ? – J’ai le mal de mer. »

C’est aussi Georges Courteline, dans « Le Voyage de Monsieur Perrichon » (1860), qui met en scène ledit Perrichon racontant pompeusement le sauvetage qu’il a accompli grâce à son bâton ferré, lorsqu’il était sur la Mer de Glace (encore !) :
« Depuis cinq minutes, nous suivions, tout pensifs, un sentier abrupt qui serpentait entre deux crevasses… de glace ! Je marchais le premier.
MME PERRICHON. – Quelle imprudence !
PERRICHON. – Tout à coup, j’entends derrière moi comme un éboulement ; je me retourne : monsieur venait de disparaître dans un de ces abîmes sans fond dont la vue seule fait frissonner…
MME PERRICHON, impatientée. – Mon ami…
PERRICHON. – Alors, n’écoutant que mon courage, moi, père de famille, je m’élance…
MME PERRICHON ET HENRIETTE. – Ciel !
PERRICHON. – …sur le bord du précipice ; je lui tends mon bâton ferré… Il s’y cramponne. Je tire… il tire… nous tirons, et après une lutte insensée, je l’arrache au néant et je le ramène à la face du soleil, notre père à tous ! »
(c’est la scène que l’illustrateur a imaginée, mais en mettant Alexandre Dumas à la place du sauvé).

Victor HUGO s’est aussi moqué, lors d’un voyage dans les Alpes en 1825, de « ces voyageurs qui traitent le Righi comme le Mont-Blanc, des espèces de Don Quichotte de montagne qui sont déterminés à faire une « excursion » et qui escaladent la butte avec tout l’attirail de Cachat le géant. Or, le Righi est très beau, mais on peut y monter et y descendre la canne à la main. » La canne, pas l’alpenstock !

La romancière Gyp a aussi imaginé la descente de M. d’Ulster et de Melle Loulou sur une pente abrupte plantée de sapins, dont les aiguilles font glisser les maladroits. C’est l’une des illustrations de cet article, où l’on voit M. d’Ulster s’efforçant d’arrêter sa glissade avec son long bâton.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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