Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
UNE CANNE DE CONSCRIT AU MUSEE DE SAINT-FLORENT (49)

Jusqu’au milieu du XXe siècle, et parfois encore ici et là de nos jours, il était de tradition que les jeunes hommes d’une ville ou d’un village qui atteignaient leurs vingt ans dans l’année (la « classe »), fêtent joyeusement leur future incorporation dans l’armée pour accomplir leur service militaire. La coutume s’est maintenue au XXe siècle, même en dehors d’une future incorporation, rien que pour le plaisir de se retrouver, de quêter quelques sous et victuailles auprès des habitants et de vider force bouteilles au cours d’un joyeux banquet.

Adeline CULAS, dans un bel article illustré de nombreuses photos, a raconté les coutumes des conscrits de Sainte-Croix-en-Bresse (Saône-et-Loire) de 1918 à 2005 (voir le site www.artagnan.net /Livre_Expo_Conscrits.htm). Elle signale toute l’importance de la canne enrubannée ou peinte des conscrits et nous en extrayons ce passage fort intéressant pour le sujet qui nous occupe :

« Chansons. Parfois les paroles étaient intimement liées aux conscrits eux-mêmes, comme c’est le cas de ce chant en patois faisant l’éloge de la canne de conscrits. Cette canne en bois était, tout comme le drapeau, un des attributs des conscrits : ils faisaient la tournée avec et s’essayaient à la faire tourner en l’air : c’était alors à celui qui y arrivait le mieux (voir les paroles). Les conscrits posaient avec elle lors de la traditionnelle photo ; elle pouvait servir à une ou plusieurs classes de suite mais bien souvent fatiguée de la tournée ; cependant la tradition voulait qu’elle soit brisée le jour du banquet par le président de la classe. A Sainte-Croix, d’après nos photos, elle apparaît déjà sur celle de la classe 1918 et la dernière semble être pour la classe 1981. Aucune de ces cannes n’a été retrouvée, contrairement aux drapeaux (…).

Y en a point qu’men ma
Y en a point qu’men ma
P’faire tourner la canne
Y en a point qu’men ma
Y en a point qu’men ma
S’il y en a y en a dière (=guère)
Youiii
( à répéter plusieurs fois tout en faisant tourner cette canne dans la main). »

Eh bien ! S’il n’a pas été retrouvé de canne de conscrits à Sainte-Croix-en-Bresse, ce n’est pas le cas à Saint-Florent-le-Vieil (Maine-et-Loire). Il se trouve dans cette jolie cité angevine un musée d’histoire locale et des guerres de Vendée, aménagé dans une ancienne chapelle, place Marie-Sourice. Ce musée renferme une canne de conscrits en bois, à très grosse pomme (12 cm de diamètre), et longue de 1,24 m. Le fût de la canne est peint en filets bleu-blanc-rouge (les couleurs de la France). On y lit le texte soigneusement peint : « Honneur à la classe 1941 St Florent le Vieil ». Le cartel nous indique qu’elle « a été décorée par M. Retailleau puis remise à M. Plard ».

Cette canne, entrée récemment dans les collections du musée, est un don de M. F. Plard, l’un des conscrits de 1941, demeurant à « La Meilleraie », à Varades (49), tout près de Saint-Florent.

La date de 1941 est intéressante, car elle montre que les festivités et rassemblements des jeunes gens de la classe 1941 n’avaient pas cessé sous l’Occupation. Elle atteste le maintien d’une tradition patriotique (les couleurs de la France) en dehors même de toute future incorporation dans l’armée, car le pays était alors démilitarisé et occupé par les troupes allemandes.

Merci à Mme Nicole Guillet de nous avoir fait découvrir ce charmant musée (qui renferme par ailleurs une belle canne sculptée de 1941 aussi, ornée d’un serpent et de feuilles de lierre).

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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