Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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Un sceptre parodique : la marotte des fous

Evêque des fous

Nous avons vu plus haut qu’un attribut honorifique (Du bâton au sceptre) pouvait avoir sa correspondance inversée (Le roseau du Christ, un sceptre parodique).

Un autre exemple nous en est donné par la marotte des fous.

Fous jouant

Il s’agissait d’un bâton sur lequel était fixée une tête grotesque, couverte d’un capuchon coloré et de grelots. Au Moyen Age, lors des réjouissances du carnaval, le peuple ridiculisait les institutions, y compris l’Eglise, avec l’accord des autorités. Ces moments de liesse et de débauche duraient plusieurs semaines.
On élisait un roi, un évêque et parfois un pape des fous (à Chartres on l’appelait le « papi-fol ») qui conduisaient une procession et des cérémonies parodiques. A Dijon, le Prince des Sots dirigeait une escouade et portait une marotte faite de chiffons noircis à la cheminée ou au four ; chaque femme qui entrait pour le marché était obligée de baiser cette marotte noircie, qu’on appelait « Saint-Souffrant », ou de mettre dans le bassin quelques pièces de monnaie.
La fête des fous finit par prendre fin au XVIIe siècle, parfois plus tard encore dans certaines villes, car l’Eglise appréciait de moins en moins ces périodes de débauche.
Les princes et les rois de l’Ancien Régime avaient aussi leur fou ou bouffon. Vêtus de couleurs vives, souvent de jaune et de vert, ils étaient destinés à les amuser et à dire ce que personne n’osait exprimer devant le monarque. L’un des plus célèbres fut TRIBOULET, sous les règnes de Louis XII et de François Ier.

Triboulet

On rapporte de lui ce trait d’esprit : « Un grand seigneur avait menacé Triboulet de le faire périr sous le bâton, pour avoir parlé de lui avec irrévérence. Le fou va s’en plaindre au roi. – « Ne crains rien, lui répond le monarque ; si quelqu’un osait te faire subir un traitement pareil, je le ferai pendre un quart d’heure après ta mort. -Ah ! cousin, aurait répliqué le fou, grand merci vous dirais, s’il vous agréait plutôt de le faire pendre un quart d’heure avant. »
(d’après le Docteur Augustin CABANèS : Moeurs intimes du passé, troisième série ; Paris, Albin Michel, vers 1925)

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

1 Comment to “Un sceptre parodique : la marotte des fous”

  1. gayskfr dit :

    Le Triboulet qui figure sur la médaille de Laurana n’est pas le fou de Louis XII et François I° : c’est le bouffon de René d’Anjou.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Triboulet_%28ap.1420-ap.1480%29

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