Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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UN MOINE CORDELIER QUI SE DEFEND AU BATON
 

L’oeuvre de BEROALDE DE VERVILLE (de son vrai nom François Brouard) (1556-1626) est truculente, foisonnante et n’est pas sans rappeler celle de Rabelais. Voici l’une des anecdotes qu’il rapporte dans son livre le plus connu : « Le Moyen de parvenir », publié vers 1616.
Si elle figure ici, c’est, bien sûr, parce qu’il y est question d’un « bâton à deux bouts » (voir l’article).
(entre parenthèses figure le sens de certains mots de la langue du XVIIe siècle). 
« Ce moine était galant de sa personne, dispos et courageux (…). Le frère, passant sur l’étang de la Ferrière, fut rencontré de deux voleurs à pied, qui eurent envie de son habit, par quoi lui dirent : « Frère, cet habit vous est trop chaud et importun ; baillez-le nous un peu à porter pour votre santé ».
- « Sans faute, dit-il, messieurs, tout est à vous, corps aussi ; je vous supplie de me donner congé de me dévêtir, et n’outragez point ma pauvre personne ».
Ce qu’ayant dit, il met son bâton à deux bouts à terre, le pied dessus, et dévêt son froc, qu’il leur jeta aux pieds, puis reprend son bâton, et tout en pourpoint leur dit humblement :  »Messieurs, prenez-le. »
Un d’eux se baissant pour le ramasser, le moine lui vint décharger un si grand revers de son bâton sur l’autre flanc, qu’il l’envoya béchever (rouler) du long de la levée. Cette épaulière ainsi déchargée sur le haut de la personne de ce vilain qui chut sur le ventre comme une grenouille déhanchée, épouvanta tant le compagnon de l’écrasé qu’il s’enfuit ; et le cordelier de le supplier courtoisement de venir au reste.
Le trébuché, qui craignait le demeurant (le moine, qui demeurait là), disait : « Ha, frère Gilles ? Mon bon père confesseur, je me jouais, vous êtes bien rude de ne prendre rien en jeu ! »
Et le moine s’avança de lui apprendre les dimensions, non du baculus de Jacob, mais du bâton de Gilles, et le pauvre de crier : « Hélas, monsieur, pardon ! » A ce mot de monsieur, il le recommanda à tous les diables, et s’en alla aussi.
Il y a trois sortes de gens qui n’aiment point à être appelés par leur nom : comme vous diriez chien et chat, moine, ministres, prêtres, putains et bateleurs. Minon et chat, c’est-à-dire monsieur ; à cela vous connaîtriez qu’il faut dire mignon, monsieur le prieur, notre maître, etc. »
Le mot « épaulière », qui désigne normalement une pièce de protection d’armure, placée sur l’épaule, semble ici employé au sens de « coup sur l’épaule ». On aura aussi noté que le moine évoque le « baculus de Jacob », c’est-à-dire le « bâton de Jacob ». Cela fera l’objet d’un prochain article…
Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)
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1 Comment to “UN MOINE CORDELIER QUI SE DEFEND AU BATON”

  1. René dit :

    1° vous ne parlez pas du combat au bâton de ROBIN des BOIS avec le bucheron PETIT JEAN !

    2° je n’ai pas vu de commentaires ou photos de CANNES POUR BOIRE, contenant des flacon d’alcool etc..

    merci de votre réponse.

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