Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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UN BATON TERRASSE CINQ BANDITS !

En 1898 le « Journal des voyages » publia en feuilleton le roman d’Henry LETURQUE : « L’Evadé de la Katorga ». L’histoire comporte mille rebondissements et le héros, victime d’une injustice et évadé d’un camp de déportés en Sibérie, doit échapper à ses poursuivants.
L’auteur est connu pour avoir publié de la fin du XIXe siècle jusque dans les années 1920 d’autres romans d’aventures aux titres évocateurs : « Les chasseurs de turquoises », « Au pays des gauchos », « L’Indien blanc », « Les coureurs de Llanos », etc.

Un passage de « L’Evadé de la Katorga » a retenu notre attention car il décrit comment l’un des camarades du fugitif élimine des bandits avec un fort bâton et libère leurs prisonniers :

« Il ne restait plus dans la clairière que l’homme de garde à l’entrée de la caverne où ses compagnons s’étaient mis à l’abri de la neige.
« C’est le moment ! fit le camarade du déporté.
- Allons-y ! reprit l’autre.
Tous deux sortirent de leur de leur sac et rampèrent à reculons, du côté opposé à celui faisant face au souterrain dans lequel étaient enfermés les Cosaques.
Ils furent bientôt en dehors du buisson et gagnèrent le grand bois.

Le déporté s’était muni de deux revolvers ; son camarade n’avait qu’un bâton d’épine, noueux, gros comme le poignet d’un homme, et qui, entre les mains de ce colosse, devait être une arme terrible.
« Laissez ces joujoux ! dit-il à l’autre, ça fait trop de bruit : mon gourdin suffira si vous suivez bien mes instructions.
- Mais ils sont cinq ! armés de couteaux, voulut protester l’autre. (…)

Le déporté s’avança sur le bord de la clairière, en homme qui veut se cacher et voir sans être vu. Se dissimulant derrière le fût d’un bouleau dont l’écorce blanche contrastait avec la couleur brune de son manteau, avançant la tête entre deux genêts et la retirant aussitôt en secouant la neige dont ils étaient couverts, écrasant comme par mégarde les branchettes de bois sec qu’il cherchait sous ses pieds, il eut vite fait, par son manège adroit, d’attirer l’attention de l’homme de garde.

D’un coup de sifflet, ce dernier appela ses compagnons, et, du doigt, leur montra celui qui semblait un espion.
Les quatre bandits mirent la main au couteau et s’élancèrent vers la partie du bois où le déporté venait de disparaître.
Ils allaient s’y engager à sa suite , quand son compagnon, jusqu’alors caché derrière le tronc d’un chêne plusieurs fois séculaire, bondit comme un fauve dans la clairière et se dressa devant eux, son gourdin dans la main droite, levée, menaçante.
Effet de l’élan acquis ou de bravoure, les quatre hommes fondirent ensemble, sans une hésitation, sur cet autre adversaire.
« Prime ! quarte ! »
Deux hommes roulèrent sur le sol, foudroyés du coup.
De deux coups formidables et savamment envoyés, l’Hercule leur avait brisé la tempe, l’un à gauche, l’autre à droite.

Emportés par leur course, les deux derniers s’étaient embarrassés dans les corps – des cadavres maintenant – de leurs compagnons, et s’étaient allongés à terre.
Ils n’eurent pas le temps de se relever. Par deux fois, le terrible gourdin s’abattit, en un bruit sourd comme la première pelletée de terre sur un cercueil, défonçant la boîte crânienne des misérables.

Le déporté sortit de la forêt. « Quelle poigne ! fit-il, émerveillé peut-être plus encore du calme de son compagnon que de sa force peu commune doublée d’une adresse extraordinaire. – Oui, murmura l’autre ; on se souvient. »

Le cinquième bandit, qui avait cherché à s’enfuir, fut rattrapé et subit le même sort…

L’illustration de cet article provient du n° 91 du 28 août 1898 où figure l’épisode.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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