Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE COUP DE CANNE DU COMTE DE BOUTTEVILLE (1646)

François Henry de Montmorency, comte de Boutteville, duc de Luxembourg (1628-1695) combattit sous les ordres du prince de Condé à la bataille de Rocroi (1643), au siège de Thionville la même année, puis lors de nombreuses batailles dans le nord et l’est du royaume de France jusqu’en 1658, puis à nouveau en 1672 pendant la guerre de Hollande. Il fut fait maréchal de France en 1675. Il participa encore à de nombreuses batailles jusqu’en 1694. Il mourut le 4 janvier 1695.

L’anecdote qui suit, liée à la bataille de Furnes et de Dunkerque en 1646, est rapportée dans le magazine « La Semaine des enfants » n° 180 du 9 juin 1860, p. 182. On y constate qu’un homme humilié par un coup de canne ou de bâton n’en conserve pas moins sa valeur s’il en a , surtout de la fierté et aussi de la mémoire…

« LE COUP DE CANNE

Le comte de Boutteville, depuis si célèbre sous le nom du maréchal de Luxembourg, étant lieutenant général sous les ordres du prince de Condé, aperçut, dans une marche, quelques soldats qui s’étaient écartés du reste de l’armée. Il envoya un de ses aides de camp pour les ramener au drapeau. Tous obéirent, excepté un, qui continua son chemin. Le général, offensé de cette désobéissance, court à lui la canne à la main, et menace de l’en frapper.
« Si vous le faites, lui répond le soldat, je vous en ferai repentir. »
Outré de cette réponse, Boutteville lui donne un coup et le force de rejoindre son corps.

Quinze jours après, l’armée assiégea Furnes. Boutteville chargea un colonel de trouver dans son régiment un homme ferme et intrépide pour un coup de main ; une grande récompense fut promise. Le soldat dont nous avons parlé, qui passait pour le plus brave du régiment, se présente ; et, menant avec lui trente de ses camarades dont on lui avait laissé le choix, il s’acquitte de sa commission, qui était très hasardeuse, avec un courage et un bonheur incroyables. A son retour, Boutteville, après l’avoir beaucoup loué, lui offrit la récompense qui avait été promise.

Le soldat, la refusant :

« Me reconnaissez-vous, mon général ? dit-il ; je suis ce soldat que vous maltraitâtes il y a quinze jours : je vous avais bien dit que je vous en ferais repentir. »
Boutteville, plein d’admiration, et attendri jusqu’aux larmes, l’embrassa, lui fit des excuses, et obtint sur-le-champ pour lui un brevet d’officier : il se l’attacha bientôt après en qualité d’aide de camp.

Le prince de Condé, digne appréciateur des belles actions, aimait à raconter ce trait de magnanimité. »

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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