Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE BATON-PARAPLUIE BRESSANGE A NEUSSARGUES (15)

Il existe dans un petit bourg du Cantal, à Neussargues-Moissac, un étonnant atelier de fabrication de parapluies. Oublié par le temps, isolé à la sortie du village, aménagé en prolongement du pavillon du patron, cet atelier d’une quarantaine de mètres carrés n’en est pas moins très actif et recèle des trésors de savoir-faire.

Son propriétaire, Georges BRESSANGE, l’a fondé il y aura bientôt 55 ans, après avoir appris le métier à Aurillac, l’un des grands centres de fabrication des parapluies. Aujourd’hui, il travaille avec une seule ouvrière, qui a 40 ans de métier, Mme Danielle BENOIT.

Avec une grande gentillesse et beaucoup de pédagogie, Mme Benoît explique aux visiteurs et aux clients toutes les phases de la fabrication d’un parapluie et en confectionne un moins d’une heure sous les yeux du public admiratif.

Ouvert à la visite en été, le mardi matin, cet atelier unique en son genre est rempli de parapluies de toutes les couleurs et dimensions. Tous plus beaux les uns que les autres. N’employant que des matériaux de qualité (jonc, corne, bois, polyester à motifs originaux et très variés), il fournit les grands spécialistes parisiens de la canne et du parapluie, boulevard Saint-Germain, boulevard Saint-Michel, avenue de l’Opéra, et ailleurs en France.

Georges Bressange a créé le parapluie en bandoulière, aujourd’hui répandu partout et fabriqué jusqu’en Chine, mais de bien moindre résistance au temps et à l’usage. Car ici, c’est la qualité des matériaux et des accessoires mécaniques qui assurent la durabilité du parapluie (30 ans sans problème s’il est bien entretenu : séché ouvert, le tape-à-terre toujours vers le bas, l’ouverture également en pointant le parapluie en bas).

Il a aussi inventé le « bâton de marche » : c’est un parapluie de 90 cm de longueur dont le manche est en hêtre, avec une pomme ronde. Les baleines sont fixées à 25 cm de l’embout. Lorsqu’il fait beau, les pans de tissu sont bien repliés autour du manche et l’on s’en sert comme d’un bâton de marche. Si le temps se gâte, on l’ouvre et on peut continuer son chemin à l’abri. Il plaît énormément aux randonneuses, nombreuses sur les monts cantaliens.

Georges Bressange fabrique aussi des ceintures. Et, chose rare, il répare les parapluies et ombrelles anciennes, dont les poignées en os ou en corne sculptées étaient si originales à la Belle Epoque. On peut lui envoyer l’objet déniché sur une brocante pour qu’il le restaure. Les baleines remplacées tout comme le tissu, l’accessoire retrouve une nouvelle vie.

Bien sûr, un parapluie Bressange est plus onéreux qu’un article acheté à la va-vite qui se casse au premier coup de bourrasque, mais on est assuré de le conserver longtemps et d’avoir choisi le modèle qu’on ne verra pas sur la tête de son voisin. D’autant plus que les modèles peuvent être doublés : le tissu qui est au-dessus de vous est différents, par sa couleur et ses motifs, de celui que voient les passants.

Il est impossible de ressortir sans avoir acheté un (ou deux !) parapluie de cet atelier qui mériterait d’être classé « patrimoine technique vivant » !

(photos Laurent Bastard, droits réservés)

Merci donc à notre visiteur, Laurent Bastard !

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