Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE BATON DE PELERIN DE RADZIWILL L’ORPHELIN (1582)

Nous relevons dans la revue « Le Magasin pittoresque » de mai 1869, p. 176, l’article intitulé « Bâton de pèlerin et chapelet du prince Radziwill, surnommé l’Orphelin, conservés au trésor de Czenstochowa ». Cette grande ville de Pologne est un lieu de pèlerinage très important ; le monastère de Jasna Gora renferme notamment l’image de la Vierge miraculeuse.

Voici des extraits de l’article :

« Ce bâton de pèlerin en bois tourné et ce chapelet en jaspe sanguin furent déposés en offrande devant l’image de la Vierge, par le prince Radziwill, surnommé l’Orphelin, à son retour de la terre sainte.
Pour accomplir ce voeu il s’était mis en route pour Jérusalem le 16 septembre 1582, et au mois de mai 1584 il était de retour en Pologne. La description en polonais de son voyage fut traduite en latin par Freter (…) en 1602.

Le prince Nicolas-Christophe était fils de Nicolas Radziwill, surnommé le Noir, palatin de Wilmo, grand maréchal et grand chancelier de Lithuanie, fervent calviniste et ennemi juré de l’union complète de la Lithuanie avec la Pologne. Il naquit en 1549, de parents encore catholiques à cette époque. Oublié un jour, dans son enfance, à la cour de Sigismond-Auguste (1548-1572), pendant une cérémonie de mariage, le petit prince fut retrouvé vers le soir, dans les grands appartements du château, par le roi qui, à la vue de l’enfant abandonné et pleurant à chaudes larmes, touché de commisération, s’écria : « Pauvre orphelin ! ». Et le surnom lui en est resté.

Elevé dans la religion calviniste par son père, il fut ramené au giron de l’Eglise, dans sa dix-neuvième année, par l’éloquent prédicateur Skarga, de la compagnie de Jésus. (…)

Plus tard, affligé d’une maladie douloureuse, il fit voeu d’aller visiter, aussitôt qu’il serait guéri, le tombeau de Notre-Seigneur à Jérusalem (…). A son retour par l’Italie, il fut complétement dévalisé par les bandits dans les Abruzzes. il le raconte plaisamment dans son « Pèlerinage » :

« Un rosaire suspendu à ma ceinture plut beaucoup à un des bandits, qui m’obligea à le lui remettre. J’en eus un regret extrême, à cause des grandes indulgences que le pape Grégoire XIII y avait attachées pour mon voyage, et parce que je l’avais toujours eu sur moi dans les lieux saints. Je le priai donc de me le laisser ; il le prit cependant et se mit à le considérer. Les grains en étaient en jonc des Indes ; mais en apercevant une tête de mort sculptée en ivoire qui y était attachée, il cracha dessus et jeta le rosaire, à cause de ce souvenir de la mort, je pense. » (…)

Il mourut en 1616, et son corps revêtu de son habit de pèlerin fut déposé dans le caveau de sa famille, à Nieswicz, où on peut le voir encore aujourd’hui. (…) ».

Il faut croire que le bâton de pèlerin n’avait pas non plus intéressé les brigands des Abruzzes, puisque le prince Radziwill put l’offrir au monastère de Czenstochowa, avec le rosaire. Y sont-ils toujours présents ?

La légende accompagnant la gravure du pommeau du bâton de pèlerin et du chapelet nous indique : « Longueur du bâton entier, 1 m. 27 ; – de la partie sculptée du bâton, 0 m. 461 ; – du chapelet, 0 m. 683. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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