Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LE BATON DANS LES EMEUTES

A toutes époques et en tous lieux, les mouvements populaires, les émeutes et les manifestations ont vu brandis des cannes et surtout des bâtons. L’instrument est là pour frapper les opposants et les forces de l’ordre. Maints articles lui ont déjà été consacrés mais en voici encore d’autres exemples illustrés.

L’hebdomaire « La Presse illustrée » du 23 mars 1872 rapporte que le comte de Chambord, prétendant au tône de France, était de passage à Anvers, à l’hôtel Saint-Antoine. Des attroupements hostiles se produisirent devant l’hôtel et la police dut les disperser. Le comte dut repartir pour Cologne. On sait que le comte de Chambord, petit-fils de Charles X, avait failli restaurer la monarchie mais que son obstination à vouloir imposer le drapeau blanc et abandonner le drapeau tricolore, lui valut l’hostilité des parlementaires qui votèrent le septennat présidentiel en novembre 1873, pour différer le plus tard possible l’éventuelle accession au trône du comte de Chambord. Puis la république fut instituée en 1875 et le comte de Chambord décèdera en Autriche en 1883.

Le « Petit journal » du samedi 15 juillet 1893 nous offre deux images de manifestations où sont brandis des bâtons. D’abord, en une, celle de l’assaut de la préfecture de police : « Les faits les plus regrettables à tous les égards viennent de se passer à Paris ; pendant plusieurs jours, on a pu croire à une véritable insurrection. Le point de départ, comme la plupart du temps, était insignifiant. Des étudiants, froissés des procédés d’un moralisateur un peu trop sévère, voulaient s’égayer en allant faire du bruit sous ses fenêtres.
C’était une gaminerie qu’on pouvait ne pas réprimer. Par malheur, la police intervint très brutalement, et dès le premier soir un malheureux jeune homme était tué.
L’échauffourée devint alors une émeute. La jeunesse des écoles indignée se souleva, demandant justice, et à ce moment on vit apparaître dans ses rangs tout ce que Paris compte de gens sans aveu qui cherchent le désordre pour lui-même, dans l’espoir de satisfaire leurs goûts de destruction et de pillage.
On renversa les omnibus, les kiosques, on les brûla, on fit des barricades et le sang coula dans différentes circonstances.
Par bonheur, les étudiants finirent par comprendre où des meneurs suspects les entraînaient ; ils déclarèrent hautement ne plus vouloir faire cause commune avec les singuliers personnages qui leur avaient apporté un concours non réclamé.
D’autre part, l’armée très respectée, vint prendre la place de la police et l’émeute cessa. »

Toute ressemblance avec des évènements récents serait fortuite…

Le même « Petit Journal » du 15 juillet 1893 évoque des émeutes à Strasbourg. A cette époque, la ville était en territoir allemand, annexée avec l’Alsace et une partie de la Lorraine.
« Le résultat des élections venait d’être proclamé et il s’en était suivi une effervescence assez inoffensive en sa manifestation.
Quelques chants, quelques cris poussés sur la place Kléber sans provocation directe au gouvernement allemand, bien que l’on fût en ville annexée par la violence.
La police intervint immédiatement et avec la dernière brutalité ; les armes sont sorties des fourreaux et après une collision de quelques minutes à peine un grand nombre de malheureux gisaient, baignés dans leur sang, au pied de la grande image de bronze de notre héros Kléber. »

La gravure, en dernière page, nous montre des manifestants brandissant des bâtons devant des policiers à « casque à pointe » armés de sabres.

Enfin, le magazine « Lectures pour tous » de mai 1903, p. 699, illustre un article sur les « Crimes ou bienfaits des trusts ? » par un dessin légendé : « Un épisode de la guerre du pétrole, en 1872″ et le commente ainsi : « Les gens que ruinent les opérations de la Compagnie du Pétrole (la Standard-Oil) se jettent sur le train des wagons de pétrole brut pour les empêcher de partir pour les raffineries. »

Rien de nouveau sous le soleil… Seuls les armes ont changé. Le bâton est beaucoup moins utilisé : la barre de fer et la batte de base-ball lui ont succédé…

Petit rappel de quelques articles sur le même sujet publiés sur le site du CRCB :

- « Quand les divergences politiques se réglaient à coups de bâton ! » (25 janvier 2010)
- « Le shillalah irlandais » (6 février 2012)
- « Les ouvrières de Châteauvillain attaquent avec des bâtons (1886) » (26 octobre 2012)
- « La police dispersée à coups de canne par les manifestants (1919) » (28 avril 2014)
- « Emeutes du « grand hiver » de 1709 » (9 février 2016)
- « Pen-baz contre fusils à Saint-Méen en 1902 » (5 avril 2016)

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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