Une hampe est un bâton, qui ne prend son nom que lorsque l’on y accroche une bannière, un drapeau, un étendard, un fanion, etc.
Dans le magazine « Le Tour du Monde, nouveau journal des voyages », t. XXX, de 1875, E. de LORRAL a rendu compte de son exploration de la ville et des environs de Tlemcen, en Algérie.
Page 362, il raconte sa visite à la grande mosquée et sa rencontre avec un porteur de bâton particulier.
« Ce que j’aime le mieux, c’est le vieux nègre accroupi dans un coin, à la porte de la djemda (mosquée). Ali nous le montre comme un saint personnage. Officiellement, il est le chef des nègres de la ville ; il ne quitte jamais la hampe de l’étendard qu’il promène à la tête de ses compatriotes dans les grandes occasions. Mais sa sainteté et les fonctions qu’il remplit ne semblent pas lui rapporter de gros profits, car le vénérable Bou-Salem exerce, dans ses moments perdus, le métier de badigeonneur. Toujours l’amour de la hampe !
Un turban d’une blancheur immaculée sert de repoussoir à cette figure couleur de suie, couturée et ridée comme une pomme qui a vieilli sur la paille. Un chapelet en bois peint s’étale sur la poitrine du vieillard, qui, les yeux baissés, immobile, semble plongé dans de pieuses méditations.
Bou-Salem n’est pas un mendiant ; il se respecte trop pour assaillir les passants de ses objurgations nasillardes que ne vous épargnent pas les pauvres de profession. »
Article rédigé par Laurent Bastard, merci