Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LA HALLEBARDE EN VERS DU SUISSE DE PARIS
Categories: Canne d'apparat

A plusieurs reprises a été évoquée la haute canne et grosse pomme des suisses d’église. Mais il ne faut pas oublier l’autre de leurs insignes, à savoir la hallebarde. Tous ne la portaient pas mais nombreuses sont les gravures où elle figure. Il ne s’agit plus d’un bâton au sens propre puisqu’il est pourvu d’un élément métallique qui lui permet de revêtir un autre nom et une autre fonction. Néanmoins, nous avons tenu à rapporter ce qui figure dans « Paris, Versailles et les provinces au dix-huitième siècle, par un ancien officier aux Gardes-françaises » (1817), p. 115-116, car l’anecdote est amusante :

« Un petit bourgeois de Paris, nommé Bombet, fort ignorant sur tout ce qui ne concernait pas son chétif commerce, eut le chagrin de voir mourir le suisse de l’église de Saint-Eustache, avec lequel il était très lié.
Il voulut rendre ses regrets publics, en composant pour son ami une belle épitaphe. Mais la grande difficulté était de la faire en vers, et il n’avait aucune espèce de notion sur la poésie.

Il s’adressa à un maître d’école qui n’en savait guère davantage, et lui demanda quelles étaient les règles de cet art. Le magister, d’un air doctoral, lui répondit que, quoiqu’une pièce de vers dût rouler sur le même sujet, il fallait néanmoins, autant qu’il était possible, que chaque vers pût présenter en lui-même une idée indépendante ; que, quant à la rime, il était nécessaire que les trois dernières lettres du second vers fussent les mêmes que les trois dernières du précédent.

Le bon homme retint bien cette leçon, et après beaucoup de travail, il accoucha enfin du quatrain suivant :

Ci-gît mon ami Mardoche :
Il a voulu être enterré à Saint-Eustache ;
Il y a porté trente-deux ans la hallebarde :
Dieu lui fasse miséricorde.

Par son ami J. Cl. BOMBET (1727).

Il fit déposer cette sublime épitaphe sur la pierre tumulaire, et c’est de là qu’est venu le proverbe : Cela rime comme miséricorde et hallebarde. »

Eh oui ! « il était nécessaire que les trois dernières lettres du second vers fussent les mêmes que les trois dernières du précédent », et la recommandation du maître d’école avait été strictement observée dans les quatre vers…

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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