Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LA CANNE ASSASSINE DU MIME DEBUREAU

Napoléon et Débureau

Jean-Gilles-Gaspard Débureau naquit en Bohème à la fin du XVIIIe siècle et fut un baladin qui voyagea en Europe et à Constantinople avant de connaître une extraordinaire célébrité de mime en France dans les trente premières années du XIXe siècle.

On dit qu’il s’entretint avec l’empereur Napoléon Ier. Il se produisait au théâtre des Funambules, où l’on jouait des pièces de la comédie italienne, avec les personnages de Cassandre, Arlequin, Gille, Léandre, Colombine et Isabelle. Débureau transforma le personnage du lourdaud Gille en un être lunaire, froid, sérieux, railleur. Il l’appela « Pierrot » et sa création lui a survécu.

Il était considéré comme le plus grand mime de son temps.
Or Débureau fut le sujet d’un fait divers tragique. Un jour qu’il se promenait au bras de sa femme, pour se reposer des fatigues du théâtre, il fut reconnu par une troupe de gamins et d’ivrognes qui se moquèrent de lui en le confondant avec les personnages qu’il interprêtait. La suite nous est rapportée par Théodore de Banville, dans une étude sur « Les petits théâtres de Paris » publiée dans le Musée des familles de mai 1846, p. 242 :
« On espérait que le pauvre Gille allait se fâcher et que sa colère donnerait la comédie. Mais Débureau avait son parti pris. Il voulait rester dans son beau rêve et ne s’apercevoir de rien.
Alors, au lieu de lui dire des injures, on lui jeta des pierres.
Cette fois, le but fut atteint. Gille se mit bien véritablement en colère ; mais sa colère n’eut rien de comique. Il craignait pour la vie de la pauvre femme qui se pendait à son bras plus morte que vive. Gille qu’on voulait forcer à avoir de la mémoire, se souvint qu’il savait se servir d’une canne mieux que Charles Lecour lui-même. Il fit le moulinet avec une verve terrible au moment même où un plaisant, plus gai que tous les autres, était venu le narguer de trop près. La femme eut beau arrêter le bras de son mari ; Débureau lui-même eut beau amortir le coup autant qu’il lui fut possible, le malheureux tomba, assommé comme un boeuf.
L’examen du cadavre constata que le crâne de la victime était organisé de manière à ne pouvoir résister à la moindre lésion. Après plusieurs mois de prison préventive, le pauvre Débureau passa en Cour d’assises et fut acquitté. »
Le nom de Charles Lecour ne nous est pas inconnu. Il est cité en 1842 par Théophile Gautier comme « le professeur à la mode » (voir l’article Maître de chausson et bâtonniste) et par Alphonse Karr, qui le prénomme Hubert (confusion ? frère ou fils de Charles Lecour ?), dans l’article  » Alphonse Karr (1808-1890), écrivain et bâtonniste« . Karr le cite parmi d’autres maîtres comme étant « le meilleur d’entre eux ».

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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2 Comments to “LA CANNE ASSASSINE DU MIME DEBUREAU”

  1. [...] Un mot sur les noms cités au début du texte : Jules Léotard fut un célèbre gymnaste et trapéziste des années 1840-1860 ; Debureau était un non moins célèbre mime de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle (voir l’article La canne assassine du mime Debureau). [...]

  2. Savateur dit :

    Hubert était le jeune frère de Charles. Ce sont les précurseurs de la boxe française, qui était toujours associé à la canne, à cette époque.

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