Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LA BAMBOCHE, UNE CANNE POUR FAIRE LA FETE ENTRE PETITES PERSONNES ?

Il y a des mots dont le sens est varié, a évolué et dont l’origine est confuse. Le mot « bamboche » est de ceux-là. Reprenons la définition qu’en donnent aujourd’hui les dictionnaires. Ils nous disent qu’il est synonyme, dans le langage familier, de débauche, festin, fête, ripaille. Ils précisent que son ancienne signification était aussi celle de « marionnette de plus grande taille que les marionnettes habituelles ». Et enfin, par extension, de personne de petite taille.

On apprend aussi qu’une bamboche ou bambochade est un genre de peinture ou de gravure, représentant des scènes de rues ou de la vie populaire, sur des panneaux de petits formats. Le mot vient de ce que le peintre hollandais Peter van Laar (1613-1675), étant petit et contrefait, fut surnommé « bamboche » durant son long séjour en Italie.

Si l’on remonte un peu plus loin dans le temps pour consulter le Dictionnaire de l’Académie française, édition de 1835, on retrouve ces définitions : parties de plaisir (bamboches s’emploie alors au pluriel), grande marionnette et petite personne mal faite.

Mais on y apprend aussi que le mot bamboche a un rapport avec la canne. Le Dictionnaire indique en effet qu’ « on appelle ainsi les jeunes tiges de bambou, dont on fait des cannes. »

A l’entrée suivante, celle de « bambou », on lit qu’il s’agit d’une « espèce de roseau dont la tige s’élève à plus de soixante pieds, et qui croît dans les Indes. Porter une canne de bambou. Il se dit encore de la canne même de roseau de bambou. J’ai changé mon bambou contre une canne plus solide. »
Donc, en 1835, on faisait des cannes avec des bamboches issues du bambou, et on les appelait des bambous.

Mais en remontant au XVIIIe siècle, on disait « bamboche » pour certaines sortes de cannes. Dans le Dictionnaire étymologique de la langue française (1750), de Ménage et de ses collaborateurs, on lit, à l’article BAMBOCHE, comme premier sens : « Bâton, canne à noeuds. Les Italiens disent « bamboccia » en la même signification. Je n’en sais pas la raison. Ils disent « bamboccio », pour dire un petit enfant. »
Puis son collaborateur Huet ajoute : « Les Portugais appellent ces cannes « bambous », et ont pris ce mot des Indiens, qui les appellent « bambu », ou « mambu ».
Un peu plus loin, Ménage ajoute : « Bamboche : en la signification de « marionnette ». De l’italien « bambucchia », qui signifie la même chose ; et qui a été fait de « bambo », qui signifie « petit enfant ».
Sur la bamboche au sens de débauche, il n’est rien dit. Le mot n’était peut-être pas encore employé avec cette acception.
Tout cela a l’air à peu près clair. Il y a donc deux origines au mot bamboche : celle qui dérive de bambo, petit enfant (d’où notre français « bambin »), et qui désigne une marionnette, un petit être mal fait ainsi que le surnom donné au peintre Van Laar et à ses peintures. Et celle qui dérive de « bambou » (issu du malais), d’où « bamboche » au sens de « canne de bambou » et « bâton, canne à noeuds ».
Mais à trop vouloir rattacher les mots les uns aux autres, Le Duchat, collaborateur du Dictionnaire étymologique de 1750, embrouille tout : « Nous disons aussi « bamboche » dans la signification de certaines personnes, non pas à la vérité pour dire un petit enfant, mais une personne qui n’a pas pris de crue, en ayant été empêchée par une espèce de noeuds qu’elle avait aux jointures ; et c’est par rapport à ces noeuds qu’on l’appelle « bamboche », parce que la canne appelée « bamboche » a de ces sortes de noeuds. »
La canne était décidemment mise à toutes les sauces autrefois !

Merci à Laurent Bastard pour cet article :wink:

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