Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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L’ANESSE, BALAAM ET SON BÂTON

Il y a un récit célèbre de la Bible, au livre des Nombres, qui fait intervenir l’ânesse de Balaam. Rappelons de quoi il s’agit.

Balaq, roi de Moab, est mécontent de voir les Hébreux établis près de ses territoires, après leur sortie d’Egypte, durant leur cheminement vers la terre promise. Il envoie des messagers demander à Balaam, un prophète ou magicien, de maudire les Hébreux afin de mieux les vaincre.
A deux reprises, ils essaient de convaincre Balaam mais à chaque fois, durant la nuit, Dieu lui dit de refuser. La troisième fois, cependant, il lui dit d’aller avec les messagers mais ajoute : « Tu ne feras que ce que je te dirai. ». « Au matin, Balaam se leva, sella son ânesse et partit avec les princes de Moab. »

Une première fois, Dieu place un ange devant l’ânesse, qui s’écarte de la route pour passer à travers champs. Mais Balaam la bat pour la ramener sur la route. Une deuxième fois, alors qu’ils sont dans un chemin creux bordé de murs, l’ange apparaît, et l’ânesse est obligée de raser le mur pour contourner l’ange. Balaam, qui a eu le pied frotté contre le mur, corrige encore l’ânesse.
« L’Ange de Yahvé changea de place et vint se poster en un passage resserré, où il n’y avait pas d’espace pour passer ni à droite ni à gauche. Quand l’ânesse vit l’Ange de Yahvé, elle se coucha sous Balaam. Balaam se mit en colère et il la battit à coups de bâton.
Alors Yahvé ouvrit la bouche de l’ânesse et elle dit à Balaam : « Que t’ai-je fait, pour que tu m’aies battue ainsi par trois fois ? » Balaam répondit à l’ânesse : « C’est que tu t’es moquée de moi ! Si j’avais eu à la main une épée, je t’aurais déjà tuée. » L’ânesse dit à Balaam : « Ne suis-je pas ton ânesse, qui te sers de monture depuis ton jeune âge ? En cela ai-je manqué à te servir ? ». Il répondit : « Non. »
Alors Yahvé ouvrit les yeux de Balaam. Il vit l’Ange de Yahvé posté sur la route, son épée nue à la main. Il s’inclina et se prosterna face contre terre. Et l’Ange de Yahvé lui dit : « Pourquoi as-tu battu ainsi ton ânesse par trois fois ? C’est moi qui étais venu te barrer le passage ; car moi présent, la route n’aboutit pas. L’ânesse m’a vu et devant moi elle s’est détournée par trois fois. Bien t’en a pris qu’elle se soit détournée, car je t’aurais déjà tué. Elle, je l’aurais laissée en vie. ». Balaam répondit à l’Ange de Yahvé : « J’ai péché. C’est que j’ignorais que tu étais posté sur mon passage. Et maintenant, si cela te déplaît, je m’en retourne. » L’Ange de Yahvé répondit à Balaam : « Va avec ces hommes. Seulement, ne dis rien de plus que ce que je te ferai dire. » Balaam s’en alla donc avec les princes envoyés par Balaq. »

Lorsqu’il rencontre le roi, Balaam refuse de maudire les Hébreux et même les bénit par trois fois, malgré les sacrifices effectués en son honneur et les promesses de richesse. Incorruptible, il ne cède pas à la colère du roi de Moab et ils se séparent.

Cet épisode biblique a inspiré les artistes. On voit la scène de Balaam monté sur son ânesse, un bâton en tau à la main, devant l’ange, sur un chapiteau de la basilique romane de Saulieu (Côte-d’Or). Un tableau du peintre hollandais Peter Lastman daté de 1622 nous la montre également (collection particulière). Rembrandt également, en 1626, a représenté l’ânesse de Balaam, sous les coups de bâton de son maître (Paris, musée Cognac-Jay). Dans ces deux derniers tableaux le contraste entre le bâton brandi par Balaam et l’épée levée par l’ange est saisissant.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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