Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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DES CANNES SPECIALES CONTRE LES ETRANGLEURS DE LONDRES EN 1863

Tout au long du XIXe siècle, les Français qui visitèrent Londres et l’Angleterre en revinrent avec des impressions mitigées. Il y eut des vagues d’anglomanie et de détestation permanentes, et surtout un profond étonnement envers ce pays si proche géographiquement mais si différent par ses institutions et le comportement de ses habitants.

Dans les années 1860, la criminalité londonienne fut souvent décrite par les voyageurs français et relayée par la presse. Jean-Pierre NAVAILLES, dans son livre « Londres victorien, un monde cloisonné » (Ed. Champ Vallon, 1996), évoque les « étrangleurs » p. 178 :

« Comme le souligne Kellow Chesney (Les Bas-Fonds victoriens (1970), une technique particulière se répand au début des années 1860 : le détroussage par strangulation. L’étrangleur à l’affût attaque sa proie dans le dos et lui enserre le cou dans un garrot, foulard ou cordelette. Ce mode d’agression, inspiré du « thuggisme » hindou, déclenche un mouvement de panique dans l’opinion, que les comptes rendus dans la presse à sensation ne font qu’attiser. Malgré les patrouilles d’ « antigarotters » qui quadrillent la capitale et qui contrôlent tous les individus à la mine patibulaire, la meilleure parade semble être de rester chez soi.
Pour rasséréner les honnêtes citoyens le Parlement vote le garotting Act, en 1863. Pas de quartier, les gens de sac et de corde sont réprimés par le fouet et la potence. »

Cet épisode criminel est évoqué par une série de dessins humoristiques dans « Le Journal amusant » du 21 février 1863, par Gilbert RANDON (1814-1884).

Nous en reproduisons trois : l’un nous montre deux malfrats devant leur future victime, une corde à étrangler chez l’un, un gourdin chez l’autre ; légende : « Monsieur ne désirerait pas acheter une cravate d’occasion… pas cher ? ».

Un autre dessin représente deux bourgeois vantant leurs moyens de défense : l’un est armé d’une masse hérissée de pointes et l’autre porte autour du coup un collier à pointes du type de ceux que l’on mettait au cou des chiens qui chassaient les loups ; légende : « CRAVATE ET STICK DERNIERE MODE : Articles très-bien portés par la fashion britannique ».

Dernier dessin, figurant au bas de la page de titre, intitulé : « Etrennes à la mode de Londres, en l’an de grâce 1863 ». C’est une panoplie d’articles défensifs contre les étrangleurs et autres bandits. On y voit le collier à pointes, un poing américain, un fouet à boules de plomb, un poignard, un revolver, une masse à pointes. Et pour ce qui concerne plus particulièrement le sujet de la canne et du bâton : une canne-épée dont la lame est à demi sortie de son fourreau, une canne à grosse pomme (plombée ?) au fût noueux, et un nerf de bœuf.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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