Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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1769 : UN COMBAT AU BATON EN AFRIQUE

Sous la signature de P. LAVAYSSIERE fut publié à Limoges, en 1860, un livre passionnant intitulé « Stations dans l’intérieur de l’Afrique ; relations du capitaine Mauduit, naufragé dans le canal du Mozambique ». Ce récit d’aventures fut réédité une troisième fois en 1875, avec une légère modification du titre : le mot « Voyages » y remplaça celui de « Stations ».

Il s’agit du récit fait par le capitaine Mauduit, naufragé en août 1769 sur le rivage oriental de l’Afrique. Avec son équipage de marins et de soldats, et quelques civils, il entreprit de traverser l’Afrique du sud pour rejoindre les possessions hollandaises du Cap. L’histoire, pleine de rebondissements, de victoires et de désastres, est-elle authentique ? Bien des éléments en font douter, mais le récit est si vivant, si haletant, qu’on en oublie les invraisemblances.

Toujours est-il que, p. 46-48, le capitaine Mauduit (ou celui qui lui prête vie), relate un combat au bâton survenu entre un Noir et un marin de force peu commune, nommé Yves. Ce dernier en sort vainqueur…

« La veille de notre départ ils nous donnèrent le spectacle d’une lutte. Deux nègres entraient dans le cercle qui s’était formé pour le spectacle ; armés de bâtons assez forts, ils se posaient sur leurs jarrets et en tendaient tous les muscles, puis, quittant cette attitude fatiguante, ils tournaient alternativement l’un autour de l’autre, comme pour s’inspecter mutuellement le corps ; ensuite, se mettant à la portée du bâton, ils s’assaillaient avec une adresse, une vivacité vraiment remarquables. Celui qui désarmait son antagoniste était déclaré vainqueur.

Notre marin (…) s’était assis un peu en avant du cercle des spectateurs, et regardait comme eux la lutte, fumant sa pipe et mâchant alternativement sa chique de tabac. Son sang-froid ordinaire contrastait étrangement avec les cris, les bonds, les éclats de joie des nègres. Probablement que cette indifférence piqua la vanité d’un nègre qui était sorti vainqueur de toutes les luttes… Celui-ci s’approcha du marin et lui présenta un bâton, l’invitant du geste à venir se mesurer avec lui… Notre marin rompit le bâton en deux et fit signe qu’il en voulait un plus fort. Il en rompit aussi un second, puis un troisième. On lui apporta, sur l’épaule d’un nègre, une forte et longue perche, comme par défi… Il la rompit par le petit bout, en l’appuyant sur son genou, puis alla lentement au milieu du cercle. Le provocateur ne se présenta point. Ce que voyant le marin, il jeta sa massue et prit des mains d’un des assistants un bâton de combat. Alors l’antagoniste provocateur sauta dans l’arène et se mit en devoir de s’escrimer… Dès la troisième parade le marin désarma le nègre, qui se retira tout confus au milieu de la foule. »

Ailleurs (p. 12-13), on apprend que ce marin porte autour de son corps « un instrument très meurtrier qu’on nomme fléau » dont la lanière « était alors de cuir de rhinocéros et d’une portée de douze pieds en étendant les bras » (plus de 3,60 m). Il s’en sert pour se défendre contre une dizaines d’assaillants.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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