Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
Une vie de bâton de chaise…qui a raison ?

Laurent Bastard nous propose ce nouvel article…mais mais mais…je vous en propose un autre, trouvé sur le site de la BNF, qui apporte un autre éclairage :)

Voici le premier article de Laurent :

Chaise à porteur

C’est dans le spirituel et instructif ouvrage de Claude DUNETON : « La Puce à l’oreille ; les expressions populaires et leurs origines » (Stock, 1978), que l’on apprend l’origine de l’expression « mener une vie de bâton de chaise ». Voici un extrait de cette plaisante étude :
« Ce bâton qui mène une vie si agitée n’est pas comme on le dit aujourd’hui un « barreau de chaise ». En effet, il faut comprendre « chaise », non pas comme le meuble familier, mais comme l’ancêtre du taxi, la chaise à porteurs. Les bâtons étaient les deux barres de bois qui servaient, en plus des sangles, à transporter la chaise ambulante. » Cl. Duneton donne ensuite plusieurs extraits d’auteurs du XVIIe siècle qui évoquent cette chaise, apparue en 1643 en France et qui venait d’Angleterre. Mais sous des formes voisines elle existait aussi depuis l’Antiquité, en Afrique et en Asie
L’auteur poursuit : « Molière en fait arriver une sur la scène dans Les Précieuses ridicules, et, devant le refus de Mascarille de payer sa course, giflant même un des porteurs, l’autre « plus énergique, saisit un des bâtons de la chaise et sa mimique est assez expressive pour contraindre Mascarille à s’acquitter de son dû et même à y ajouter une indemnité pour le soufflet ».

Claude Duneton conclut : « Ces bâtons de chaise, ôtés, remis, pliant sous la charge et servant à l’occasion d’armes offensives et défensives, avaient en effet une existence tourmentée… Et les porteurs donc ! »

Voici un éclairage différent lié à cette fameuse expression « une vie de bâton de chaise ».

Voici ce que nous dit Roger Alexandre dans le recueil intitulé « LES MOTS QUI RESTENT » (supplément à la troisième édition du MUSEE de LA CONVERSATION », publié par Emile Bouillon, en 1903).

« Pourquoi a-t-on adopté cette expression avec le sens de vie de Polichinelle, vie agitée et désordonnnée ? C’est là un mystère que nul n’a encore pu pénétrer. On a hasardé quelques explications: on a prétendu,
par exemple, qu’il y avait là une allusion aux bâtons dont se servaient jadis les porteurs de chaises. Mais
on ne voit pas trop en quoi lesdits bâtons pourraient fournir un terme de comparaison propre à caractériser
une vie échevelée (…) Nous proposerons, à notre tour, une hypothèse qui pourrait bien nous mettre très près de la vérité.

On sait que, dès les premières années du règne de Louis-Philippe, la gaieté des parisiens, longtemps comprimée par un régime austère, sembla vouloir prendre une éclatante revanche, et passa par une sorte de
crise aiguë, qui atteignit son paroxysme à l’époque du carnaval, en 1834 et en 1835.

C’était te temps où lord Seymour, surnommé milord l’Arsouille, étonnait Paris par ses luxueuses excentri-
cités. que d’ailleurs ou se plaisait à exagérer. On se ruait aux bals Musard, qui, après avoir quitté
la salle des Variétés, et avant de pénétrer à l’Opéra, se donnaient alors rue Saint-Honoré, 359

Là, disait-on à propos de ce roi de l’orchestre, dans le Figaro du 3 mars 1835, tout obéit à ses fantaisies dépassant Rossini, il a placé le fracas dans l’orchestre; la contredanse de la chaise cassée se termine par la criaillerie de cinquante chaises brisée du même coup. Le fouet, le pistolet, le pétard, tout lui devient harmonie pour célébrer ses joies.
Cinquante chaises brisées … cela représente un assez joli total de bâtons, dont l’existence, au milieu de cette cohue en délire, devait offrir un parfait modéle de désordre et d’agitation, bien digne de rester proverbial.  »

L’auteur d’ajouter « Sans nous exagérer ta valeur de cette hypothèse, qui s’appuie sur un fait certain, nous la croyons préférable à celles qui ont été proposées jusqu’ici. »

A vous de faire votre choix ! FM

2 Comments to “Une vie de bâton de chaise…qui a raison ?”

  1. [...] Jacques FAIZANT : Une vie de bâton de chaise ; Chez l’auteur et Editions du journal Le Point, 1986. Recueil de dessins de Jacques Faizant (1918-2006) parus dans le magazine Le Point en 1984-1986. Sur l’expression « une vie de bâton de chaise », voir l’article. [...]

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