Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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UN BATON POUR LEVER UN TABOU CHEZ LES MAORIS

Lorsque les premiers navigateurs qui découvrirent les îles de la Nouvelle-Zélande, ils furent suivis d’explorateurs et de missionnaires qui relatèrent leurs contacts avec les Maoris.

C’est ainsi que le Père SERVANT, de la Société de Marie, relata ses observations de 1841 dans un article intitulé « Missions de l’Océanie occidentale. Notice sur la Nouvelle-Zélande », publié dans les Annales de la Propagation de la foi, tome 15 (Lyon, 1843).

Il consacra de longs développements aux « tapous », qu’on écrit aujourd’hui « tabous » et expliqua comment ils étaient levés avec un bâton.

Voici d’abord ce qu’il relate à propos des « tapous » (p. 21) : « C’est une croyance parmi eux, que la violation des tapous est toujours punie par quelque grand malheur, tandis que la fidélité à ces rits superstitieux annonce une longue vie, une bonne santé et beaucoup d’autres précieux avantages (…). Mais qu’entendent-ils par « tapous » ? J’avoue que je n’ai pas encore là-dessus des notions bien claires ; je vais cependant vous dire, du mieux que je pourrai, ce que j’en ai appris.

La personne qui a rendu les derniers devoirs à un parent, à un ami, ou qui s’est approchée d’un cadavre, est tapoue : elle doit se coucher sur le ventre ; elle ne peut se servir de ses mains pour prendre sa nourriture, et lorsqu’elle ne trouve point d’ami disposé à lui mettre les aliments à la bouche, elle est réduite à manger à la façon des bêtes : vous comprenez que « tapou » est à peu près synonyme de sacré.

Tout peut être soumis au tapou : les hommes, les animaux, les objets inanimés, les lieux, les affaires politiques et religieuses. (..)

Quelle est l’origine des tapous ? Les uns sont attribués aux dieux du pays, les autres aux chefs des tribus et aux prêtres. »

Et voici à présent le passage relatif à l’emploi d’un bâton :

« On les jette en prononçant avec précipation quelques mots d’un jargon inintelligible ; pour les lever on passe un bâton sacré sur l’épaule droite de la personne tapoue, puis sur ses reins, ensuite sur son épaule gauche ; on casse le bâton en deux, et on l’ensevelit dans la terre, ou bien on le fait brûler, d’autres le jettent dans l’eau ; après cette opération l’insulaire est remis au rang des profanes. »

Ce dernier rite est à rapprocher de très anciens usages pratiqués en Occident, qui consistaient à toucher le siège d’une maladie ou le corps d’une personne ensorcelée avec un bâton ou un autre objet, puis à détruire l’un ou l’autre. L’objet étant censé avoir absorbé le mal grâce à l’énoncé d’une prière ou d’une formule magique. Dans les années 1950, dans l’Orne, nous savions qu’une vieille guérisseuse soignait les maux de ventre en faisant appliquer une omelette sur l’abdomen des enfants malades, en formulant une prière à une sainte déterminée, puis en enterrant l’omelette. De même nous avons entendu dire par des camarades d’enfance qu’on guérissait les verrues en les frottant avec une ficelle, puis en la nouant et en la jetant dans un puits.

Un visiteur du site connaîtrait-il des pratiques semblables où intervenait une baguette ou un bâton ?

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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