Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LE GOURDIN FASCISTE

Cette expression fait allusion aux violences commises dès 1919 par les « faisceaux de combat » (fasci) puis à partir de 1921 par les membres du Parti national fasciste (les « chemises noires ») envers leurs adversaires politiques (socialistes, communistes, syndicalistes). Leur chef de file était, on le sait, Benito MUSSOLINI (1883-1945), qui accéda au pouvoir en octobre 1921 comme président du conseil, avant d’obtenir les pleins pouvoirs quelques années plus tard.

Les facistes opéraient avec un gourdin appelé « manganello ».

L’objet est vite devenu une métaphore pour désigner l’autorité brutale. Elle figure en légende du dessin que nous reproduisons ici, et qui est extrait de la revue « Le Rire » n° 204, du 30 décembre 1922. On y voit trois personnages vêtus à la mode italienne : l’un qui fourre une main dans une besace, un autre avec un fusil sous le bras et un troisième, une sorte de bandit calabrais, qui saisit son bras gauche avec sa main droite et lâche un poignard. Au-dessus d’eux apparaît un gros bâton muni d’une dragonne.

Voici la légende du dessin : « L’ORDRE MUSSOLINIQUE. Sous la surveillance du « gourdin fasciste », les détenus libérés sont pourvus de bonnes places. … Et, s’il n’en reste plus pour les honnêtes gens, ils auront toujours la ressource de se faire mettre en prison. »

C’était une allusion à l’enrôlement des repris de justice dans le mouvement fasciste, qui avait besoin d’hommes de main pour faire régner la terreur et imposer son programme par la force.

L’expression « gourdin fasciste » se retrouve ici et là à la même époque. Le journal L’Humanité du 29 juillet 1923 l’emploie. Dans une conférence intitulée « Dictature ou Démocratie » de 1931, le journaliste et homme politique antifasciste Francesco Luigi FERRARI (1889-1933) écrit : « Sommes-nous donc forcés de choisir entre le bâton autrichien et le gourdin fasciste ? ». Et plus tard, l’historien Eric VIAL, la reprend dans un article sur « L’antifascisme italien à Grenoble » (Revues plurielles, 2001) : « Dans l’entre-deux-guerres, l’émigration politique italienne en France mêle (…) élus et journalistes victimes du gourdin fasciste… »

Un gourdin fasciste qui a heureusement connu un revers de bâton en 1945…

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

Tags:

Leave a Reply