Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE DRESSAGE D’UN CHEVAL AU BATON PLOMBé

Le texte qui suit, bien qu’issu d’un roman-feuilleton, semble rédigé à partir d’une documentation fiable. Signé de Mistress MARRYETT, il est intitulé « Aventures et mésaventures de Francis Burgett » et il a été publié dans la revue « Le Musée des Familles » de février 1838.

Le passage qui nous intéresse concerne la manière de dresser un cheval sauvage au Venezuela dans les années 1830. La brutalité du procédé est attestée, les « Llaneros » (ceux qui vivent sur les grandes plaines) ne s’embarrassant pas de sentiments pour arriver à leurs fins envers le bétail et les chevaux :

« Quand les Llaneros veulent se procurer des chevaux, c’est encore au lazzo qu’ils ont recours. Pendant que deux ou trois d’entre eux ont jeté le noeud coulant sur le cou de l’animal qui a fixé leur choix, plusieurs hommes de la même troupe lui frappent impitoyablement la tête avec un bâton plombé. Ces coups violents, d’une part, et le rétrécissement du noeud, produit par les efforts de l’animal, de l’autre, ont bientôt enlevé à celui-ci l’usage de ses sens. Aussitôt qu’il se trouve réduit à cet état ils lui lient les jambes, lui êttent une têtière, lui couvrent les yeux d’un « tazajo » ou morceau de cuir, et le sellent sans perdre de temps. Cela fait, le noeud qui pesait sur le coup de l’animal est desserré, et bientôt celui-ci, revenu de son étourdissement produit et par cette strangulation momentanée et par les coups violents du bâton plombé, se lève, mais demeure tranquille, bien que tout son corps frissonne.

Le Llanero monte alors sur le cheval sauvage qu’il a déjà rendu acccessible à la terreur ; il s’assied solidement sur sa croupe et lève le « tazajo » qui couvrait ses yeux. Le cheval montre d’abord un étonnement et une confusion qui l’empêchent de faire le moindre mouvement ; mais bientôt les cris et les coups des compagnons du cavalier le font sortir de cette espèce de torpeur, et la lutte entre l’animal sauvage défendant sa liberté et le Llanero qui veut la lui ravir à l’aide de son incomparable adresse ne tarde pas à s’engager. (…)

Au plus fort de la lutte le Llanero emploie fréquemment le bâton plombé, dont les coups répétés contribuent essentiellement à dompter la fougue dangereuse de l’animal sauvage. Ordinairement, cette lutte curieuse ne se prolonge pas au-delà du deuxième jour. Quand le cheval commence à trotter, même d’une manière lente et inégale, c’est un signe infaillible qu’il reconnaît la nécessité de subir le joug de l’homme. »

On est loin de ce que préconisait en 1925 A. PEILLON dans son « Traité de maréchalerie » : « Lorsque les chevaux résistent à la ferrure, par suite d’une éducation nulle ou incomplète, d’un dressage défectueux, d’un caractère ombrageux, difficile ou irritable, il ne faut cependant recourir à la force qu’à la dernière extrémité. Auparavant, il faut aller au devant de leurs résistances et non les faire naître pour être obligé ensuite de les réprimer. Plus que tout autre, le maréchal doit se souvenir que : Patience et longueur de temps / Font plus que force ni que rage. »

La gravure illustre le passage précité du Musée des familles de février 1838.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

Note (tiré de wikipedia) : Le chuchoteur existe réellement : c’est un dresseur de chevaux qui utilise des méthodes qui sont basées sur la compréhension de la nature, des besoins et des envies du cheval. Le terme a été inventé au xixe siècle par Daniel Sullivan « the Irish Whisperer », un Irlandais qui a travaillé sur la guérison de chevaux rendus rétifs suite à des accidents ou mauvais traitements. Il est important de ne pas confondre le chuchoteur et l’éthologue. Le chuchoteur est une personne qui met en pratique directement sur les chevaux les méthodes d’équitation douces, souvent inspirées des travaux des éthologues ou de sa propre observation personnelle. Le chuchoteur n’est pas un scientifique. À noter exceptionnellement que Andrea Fappani, chuchoteur, est aussi cependant spécialiste de l’éthologie du cheval.

Buck Brannaman, un homme de cheval mondialement connu maintenant, est le véritable homme qui a inspiré ce film.

Voici un court reportage sur Buck Brannaman :

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