Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE BILBOQUET

Nous avons déjà rencontré le bilboquet, orthographié « bille boucquet », dans l’article sur Les jeux de bâton du petit Gargantua.

Voici comment il est défini par l’encyclopédie Wikipédia, qui lui consacre un intéressant article : « Jeu d’adresse composé d’une tige souvent en bois relée par une cordelette à une boule percée d’un ou plusieurs trous d’un diamètre ajusté à la tige. Son nom français vient de Bil le Bocquet, qui désigne la pointe d’un javelot. (…) Le jeu consiste, par un mouvement d’adresse, en utilisant une seule main, à lancer en l’air la boule de façon qu’elle retombe sur la tige qui s’enfile seule sur le trou. » Nous verrons plus loin que cette définition se rapporte au type actuel de bilboquet mais que l’instrument était légèrement différent à l’origine.
Poursuivons : « Le mot à une étymologie contestée. Inventé en France, au XVIe siècle, on fait mention du mot « bille boucquet », boucquet venant de bouquer (encorner, comme le fait un bouc). On dit qu’il serait apparu pour la première fois en français en 1534, l’année de la première venue de Jacques Cartier au Canada et qu’il aurait été formé des mots « bille » (« petite boule », 1164, ou encore « bâtonnet », 1176) et « bouquet » (diminutif de « bouque », 1203, ou « boule »). (…) Considéré comme un sport, il possède des règles et des organisations sportives nationales et internationales. »

En définitive, l’origine du mot tourne autour de la boule et du bâton. Rappelons pour notre part que « bille » a deux origines : l’une qui dérive du gaulois « bilia », et qui signifie « tronc » (d’où « bille », au sens de tronc d’arbre équarri, mais aussi « billard », en rapport avec les queues utilisées lors de ce jeu), et une autre qui dérive du francique « bikkil », qui signifie « dé ou boule à jouer » (d’où le jeu de billes).

Le bilboquet appartient donc à la catégorie des jeux de bâton. Un petit bâton, certes, mais nous en avons déjà rencontré d’autres, comme celui du jeu du djerrid.

Notons aussi que l’année 1534 est, certes, celle de l’arrivée de Jacques Cartier au Canada (mais quel rapport ?) mais surtout que c’est celle de la parution du Gargantua de Rabelais, où le mot « bille boucquet » est mentionné.

Voici à présent le texte d’un article illustré figurant dans Le Magasin pittoresque de septembre 1871.
« En août 1585, Henri III s’éprit d’une belle passion pour le bilboquet ; il emportait le sien dans la rue et il en jouait au milieu de ses courtisans, qui s’empressèrent naturellement de l’imiter. Le peuple finit par s’en mêler. Les jeunes gens surtout prirent goût à ce divertissement. Celui qui a été témoin du fait et qui nous l’a rapporté, notre annaliste Pierre de l’Estoile, fait sentir le danger d’un tel exemple donné de si haut ; il déplore l’influence qu’ont toujours « principalement en matière de folie, les déportements des rois, princes et seigneurs. »

Sous Louis XIII, on ne pensait plus au bilboquet, mais il paraît plus que rentré en grâce sous Louis XIV, à en juger par notre estampe, où des personnages vêtus à la mode de son temps s’escriment de la belle façon. Le savetier joue devant son baquet, le commissionnaire du coin en a renversé ses crochets, et le petit décrotteur lui-même ne pense plus à ses brosses. Il n’est pas jusqu’aux enfants qui ne s’en mêlent. Quant aux gens du monde, c’est une rage, rage galante toutefois, et les amateurs forment invariablement des duos où chaque sexe a son représentant.

Dans le fond du tableau, deux grandes boutiques foraines paraissent assiégées par les amateurs de bilboquet, car on n’y vend pas d’autre jouet. L’enseigne en fait foi. (…)

Un dernier coup d’oeil nous fait voir entre le bilboquet du temps de Louis XIV et celui du dix-neuvième siècle une différence capitale. Le côté pointu n’existe pas. Au lieu d’être en bois ou en ivoire, la boule, en plomb, du diamètre d’une balle de fusil, répond exactement à la définition donnée par les premières éditions du Dictionnaire de l’Académie :
« BILBOQUET. Petit instrument fait au tour et creusé de telle sorte par les deux bouts qu’en jetant en l’air une petite balle qui y tient par le moyen d’une longue ficelle, la petite balle puisse être reçue dans l’un des petits creux. »

La gravure est intitulée « La foire franche des Bilbocquets de plus à la mode » (sic). On n’en voit ici qu’un détail.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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