Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LA CANNE EST UN ORNEMENT COMME UNE EPINGLE A LA CHEMISE

Nous avons rencontré à plusieurs reprises l’écrivain Alphonse KARR (1808-1890), qui s’y connaissait en matière de canne et de bâton, puisqu’il était maître en ces disciplines. Dans le texte qui suit, intitulé « Voyage dans Paris » et extrait de ses « Contes et nouvelles » publié en 1852, p. 307-308, il déplore que les lois limitent la canne à un rôle purement vestimentaire, un accessoire d’élégance masculine, alors qu’elle pourrait aussi servir à repousser un agresseur. C’est le vieux problème – déjà ! – de l’autodéfense et du port des armes prohibées…
« J’ai mes gants. Mes gants jaunes. Que me faut-il encore pour sortir ? Une canne. Qu’est-ce qu’une canne ? C’est un bâton. Ce doit être un bâton noueux, très fort… Sur lequel on peut s’appuyer lorsqu’on est fatigué, avec lequel on peut se défendre en cas de mauvaise rencontre. Nullement ; la police ne s’est pas encore expliquée sur les bâtons, mais, en général, elle ne veut pas que les honnêtes gens soient armés ; toute canne à dard, tout poignard, tout couteau, tout pistolet, expose celui qui le porte à payer une amende de quinze francs. Le bourgeois honnête, qui ne veut pas avoir de démêlés avec la justice, se donne bien garde d’en porter. Le voleur, l’assassin, qui dans l’exercice de son état, s’expose à l’échafaud, se soucie peu d’encourir quinze francs d’amende en sus de la mort. C’est fort commode pour messieurs les voleurs et pour messieurs les assassins.
Si, d’une part, la police ne veut pas que les bourgeois soient armés, d’autre part la mode veut que l’on porte de petites badines minces, légères, fragiles, qui se brisent si on les laisse tomber. La canne est un ornement comme une épingle à la chemise. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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