Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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EN POLOGNE, L’ANCIENNE OFFRANDE DU BATON DE COMMANDEMENT

Bâtons de commandement polonais

Nous avons déjà évoqué le bâton de commandement (voir notamment les articles : le bâton de maréchal et le bâton du comte d’Olivares). Voici la relation d’une coutume en usage au XVIIe siècle, en Pologne, qui consistait à faire offrande dudit bâton.

La revue Le Magasin pittoresque (février 1869) lui consacre un article intitulé « Bâtons de commandement des anciens généraux polonais ».
« Les généraux de l’ancienne Pologne avaient la pieuse coutume de déposer devant l’image de la Vierge leurs bâtons de commandement, pour remercier Dieu des victoires qu’ils avaient remportées ou des dangers auxquels ils avaient échappé, après une lutte souvent héroïque sur le champ de bataille.
Ainsi, Martin Kalinowski, palatin de Czerniechow, général en second de la couronne, blessé et fait prisonnier par les Cosaques, à la bataille de Korsun, en 1648, élargi trois ans plus tard, déposa, en témoignage de gratitude, son bâton de commandement orné de pierreries devant la Vierge de Czenstochowa, le jour de la Nativité, le 8 septembre 1651. » (c’est le bâton n° 2 de la gravure ; il mesure 0, 632 ).

« Le bâton de commandement garni de turquoises a été déposé devant l’image de la Vierge par Stanislas Potocki, palatin de Cracovie et grand général de la couronne (1579-1667), surnommé Révéra, à cause d’un dicton latin : « re vera », dont il avait l’habitude de se servir. Il le portait en 1655, comme chef de la confédération de Tyszowce, qui sauva la Pologne à demi conquise déjà par les Suédois ; et en 1657, quand, sous Miendzyborz, il força le farouche Ragotzi, prince de Transylvanie, à une capitulation qui délivra le pays de sa présence. » (bâton n° 4 de la gravure, qui mesure 0, 790 m.)
Le bâton de commandement recouvert de chagrin doré appartenait, dit-on, à Paul Tetera, hetman des Cosaques zaporogues. Gendre du fameux hetman Bogdan Chmielnicki, il fut lui-même ennemi acharné de la Pologne, comme tuteur de son jeune beau-frère Georges Chmielnicki. Cependant, en 1661, il fit sa soumission à Jean-Casimir, roi de Pologne, qui déposa son bâton de commandement devant l’image de la Vierge de Czenstochowa. » (bâton n° 3 de la gravure, long de 0, 751 m.)

« Enfin, le bâton de commandement orné de turquoises a dû appartenir à Stanislas Jablonowski, palatin de Russie et général en second de la couronne (1676-1682). Jablonowski se distingua plus encore par ses hauts faits, comme frère d’armes du roi Jean Sobieski ; et il mourut en 1702, avec les titres de castellan de Cracovie et de grand général de la couronne. » (bâton n° 1 de la gravure, long de 0, 790 m.)

Le sens de ce geste est évident : ces glorieux militaires remettent leur bâton d’autorité aux pieds de celle qui a encore plus d’autorité qu’eux et se soumettent ainsi à sa puissance.

Ces précieux bâtons existent-ils encore à Czenstochowa ? C’est dans cette ville du sud-ouest de la Pologne que se trouve la basilique du monastère des Frères Paulins de Jasno Gora, qui abrite la célèbre icône de la Madone noire, auprès de laquelle se rendent chaque année des milliers de pèlerins.

Article proposé par Laurent Bastard. Merci :)

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