Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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Le combat judiciaire au bâton

Au Moyen Age, lorsqu’un différend ne trouvait pas d’issue, chacune des parties revendiquant la vérité, on avait recours à des « preuves » dont l’efficacité était incertaine. Le serment fut l’une d’elle, l’ordalie une autre (l’accusé devait, par exemple, saisir et transporter une barre de fer rougie au feu sans que sa main soit brûlée !). Le duel judiciaire en était encore une autre.

Ce type de combat fut institué par le roi Gondebaud vers le Ve siècle, d’abord en matière criminelle puis en matière civile, malgré l’opposition de l’Eglise. Charlemagne le substitua au serment. On pouvait louer un champion qui combattait à la place du plaignant.

La revue « Le Musée des familles » , dans son numéro de février 1837 (p. 155-156), indique que : « Charlemagne voulut qu’on ne pût combattre qu’avec le bâton ; mais Louis-le-Débonnaire permit de se servir d’armes, et le bâton fut laissé aux vilains. Les gentilshommes se battaient entre eux à cheval, mais les vilains ne pouvant se battre qu’avec un bâton, « il s’ensuivit, dit Montesquieu, que le bâton fut l’instrument des outrages, parce que celui qui en avait été battu, avait été traité comme un vilain. Les vilains seuls, combattant à visage découvert, pouvaient seuls recevoir des coups sur la face ; de là un soufflet devint une injure sanglante, car celui qui l’avait reçu avait été traité en vilain. »

Quand un gentilhomme appelait un vilain, il devait se présenter à pied avec l’écu et le bâton ; s’il venait à cheval avec les armes d’un gentilhomme, on lui ôtait son cheval et ses armes ; il restait en chemise et était obligé de combattre en cet état contre le vilain. (…) Le jour du combat fixé, les champions étaient amenés en l’audience, devant le juge, après midi, tous appareillés en leurs cuirées ou en leurs côtes, avec leurs écus et leurs bâtons cornus, armés de drap, de cuir, de laine et d’étoupes. La laine ou les étoupes servaient à garantir les jambes, le drap ou le cuir à donner plus de facilité pour manier le bâton. Chaque combattant devait avoir les cheveux coupés jusqu’au-dessus des oreilles. Ils pouvaient s’oindre, pour donner plus de souplesse à leurs membres.

On les menait ensuite aux champs, où des chevaliers, nommés par le juge, étaient préposés pour régler la bataille. Un sergent déclarait alors à haute voix : « Qu’aucun des spectateurs, sur vie et membre, ne fût si hardi que de donner aide ni nuisance, par fait ou par dit, aux champions. » Si l’on violait cette défense, que l’on nommait paix du roi ou du seigneur (c’est peut-être de là qu’est venue la paix des huissiers), on était condamné à payer vingt vaches d’amende ; quelquefois la peine infligée était toute corporelle, et si la victoire était décidée par le fait de l’intervenant, celui-ci était puni de mort.

Avant d’engager la lutte, les champions se tenant par la main, le plaignant à droite, l’accusé à gauche, s’agenouillaient ; on leur demandait alors leurs noms de baptême, s’ils croyaient à Dieu le père, au Fils, au Saint-Esprit, à la doctrine de la Sainte-Eglise. L’accusé prenait ensuite les saints à témoin de son innocence ; l’autre champion persistait dans son accusation, et recevait un nouveau démenti. Les parties faisaient serment qu’elles n’avaient aucun sortilège qui pût les aider ou nuire à l’ adversaire ; puis on leur donnait le bouclier et le bâton, et elles engageaient le combat.
Le champion qui succombait avait tort, et était aussitôt déclaré imposteur. »
Le combat judiciaire fut aboli par Philippe le Bel en 1303.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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2 Comments to “Le combat judiciaire au bâton”

  1. [...] D’autres détails intéressants nous montrent le formalisme de ce combat. (sur ce type de duel, se reporter à l’article du 16 avril 2010 en rubrique Canne et bâton dans l’Histoire : Le combat judiciaire au bâton). [...]

  2. [...] et le bouclier ». Sur son emploi lors des duels judiciaires voir l’article : Le combat judiciaire au bâton Il faut signaler le rapprochement entre le maniement du bâton et celui de l’espadon, lourde [...]

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