Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE BATON DE SAINT JOSEPH

Dans l’article La baguette annonce le mariage de Joseph et Marie, nous avons rapporté la tradition du protoévangile de Jacques. Selon ce texte du IIe siècle, convoqués au temple et munis chacun d’une baguette, les prétendants de Marie attendaient un signe du Ciel qui permettrait de savoir qui serait l’élu. Une colombe vint se poser sur la baguette de Marie et il se maria avec Marie.

Cette tradition s’est enrichie au fil des siècles et Jacques de Voragine, dans la « Légende dorée » (XIIIe siècle), ajoute que non seulement une colombe vint sur la baguette mais que celle-ci fleurit. D’autres sources rapportent que les autres prétendants brisèrent leur baguette, comme le voulait la coutume juive à l’issue du choix divin, et se retirèrent en murmurant. Outré, un prophète nommé Agabus, particulièrement dépité, le fit ostensiblement devant Marie. Le bris des baguettes est représenté sur le tableau de l’article précité.

Le fleurissement d’un bâton constitue un épisode que l’on rencontre dans les légendes attachées à de nombreux saints, et qui fera l’objet d’un prochain article.

Remarquons que plusieurs éléments de la légende de saint Joseph ont été traduits par les artistes, peintres et sculpteurs, pour exprimer trois notions. D’une part la pureté, celle du chaste Joseph, symbolisée par la couleur blanche de la colombe ; d’autre part la baguette ou verge, représentée par un bâton tenu par Joseph ; enfin le fleurissement du bâton, symbole de la renaissance, de la vie qui triomphe de la mort (le bois sec).

De sorte que l’on rencontre de nombreuses oeuvres montrant saint Joseph tenant à la main un bâton terminé par un bouquet de lis, fleur blanche symbole de pureté, qui est ici un substitut de la colombe. La photo accompagnant cet article est celle, par exemple, d’une statue fin XIXe de l’église de Massay (Cher), mais on en rencontre d’autres partout en France.

Des traditions populaires concernent un autre bâton de Joseph, celui qui lui servit lors de la fuite en Egypte. Joan AMADES, dans « Des étoiles aux plantes ; petite cosmogonie catalane » (1994), rapporte qu’il s’agissait d’abord d’un roseau, mais que les démons et les sorcières qui cherchaient à s’emparer de l’enfant Jésus, finirent par le casser. Alors saint Joseph saisit un bâton de noisetier qui les terrorisa. Ailleurs, l’auteur rapporte que le bâton du mariage de Joseph était en noisetier et que « Depuis, les rameaux de noisetier ont des dons et des vertus exceptionnels. Les baguettes magiques des anciens sorciers et celles qu’utilisent encore les sourciers pour trouver l’eau et les trésors enterrés sont en noisetier. C’est que ce bois conserve toujours le pouvoir que saint Joseph lui donna en y taillant son bâton. » (traditions recueillies auprès de Catalanes en 1918 et 1922).

Pour finir, signalons qu’on désigne sous le nom de « bâton de saint Joseph » la phalangère à fleur de lis. Il s’agit d’une plante de la famille des liliacées (Anthericum liliago ou Phalangium liliago), que les Anglais appellent pour leur part le « lis de saint Bernard » (St Bernard’s lily). Cette plante vivace est haute de 25 à 60 cm. Elle fleurit à mi-ombre de mai à juin et porte des fleurs blanches. Elle est assez peu commune et se rencontre surtout au sud de la Loire (d’après J.C. RAMEAU et G. DUME : « Flore forestière française » (1993).

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

2 Comments to “LE BATON DE SAINT JOSEPH”

  1. Valentin dit :

    On trouve un récit semblable dans L œuvre de Maria Valtorta la célèbre visionnaire auteur de « l’evangile tel qu’il m’a été révélé . »

  2. Christophe CANIVET dit :

    Dans ses RÉMINISCENCES HISTORIQUES SUR LES ÉGLISES EN GÉNÉRAL ET SUR L’ÉGLISE SAINT-MALO DE VALOGNES EN PARTICULIER,Charles LE VAILLANT de FOLLEVILLE, faisant l’inventaire des fêtes patronales des différentes corporations d’avant 1789, nous indique que « Parfois les Compagnons de saint Joseph [autrement dit, si j'ai bien compris, la confrérie des charpentiers] avaient une longue canne à la main, en commémoration non seulement de celle qu’il dût avoir dans sa fuite en Égypte, mais encore de sa baguette, qui en fleurissant dans le temple de Jérusalem, le désigna pour être l’époux de la sainte Vierge. »

    source : http://mediatheque.mairie-valognes.fr/wp-content/uploads/2020/04/Journal_de_Valognes_13_1881-03-31.pdf

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