Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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UN JEU DE CANNES SOUS CYRUS LE JEUNE (Ve siècle av. J.-C.)

Xénophon, chef de guerre, philosophe et historien (v.430 – v. 355 av. J.-C.) s’engagea avec d’autres Grecs dans l’armée du prince perse Cyrus le Jeune contre son frère Artaxerxès II. Xénophon a raconté la vie de Cyrus dans la Cyropédie. Il y est question d’un jeu de cannes décrit au livre II, chapitre III, qui n’a pas échappé à L. BECQ de FOUQUIERES, dans « Les Jeux des anciens, leur description, leur origine… » (1869), p. 100. On trouvera une traduction légèrement différente sur le site ugo.bratelli.free.fr.

« Un jour Cyrus invita à souper une compagnie entière, avec un taxiarque (officier) qui lui avait procuré le spectacle suivant : il avait partagé la compagnie en deux bandes, de cinquante hommes chacune, qu’il avait rangées en face l’une de l’autre. Tous avaient leur cuirasse et au bras gauche leur bouclier ; en outre, la moitié des soldats avaient à la main droite de grosses cannes, tandis que les autres devaient ramasser et lancer des mottes de terre.
Quand les deux bandes furent ainsi organisées, le taxiarque donna le signal du combat. A l’instant les mottes de terre sont lancées et vont frapper, les unes les cuirasses et les boucliers, mais les autres les cuisses et les jambes. Cependant, la mêlée s’engageant, les soldats armés de cannes frappent leurs adversaires aux cuisses, aux jambes, aux mains, et quand ceux-ci se baissent pour ramasser des mottes de terre, ils leur frappent le cou et les épaules. Enfin les porte-cannes les mettent en fuite, les poursuivent et les frappent encore tout en riant. Puis les rôles changent ; ceux qui jetaient des mottes prennent des cannes et traitent de même ceux qui leur jettent des mottes.
C’est alors que Cyrus, ravi de l’invention du taxiarque, de l’obéissance des troupes et surtout que la victoire fut demeurée à ceux qui étaient armés à la perse, les avaient invités à souper. Comme sous la tente il en voyait plusieurs bandés, l’un à la jambe, l’autre au bras, il s’informa auprès d’eux de ce qui leur était arrivé. Ils répondirent qu’ils avaient été blessés par les mottes de terre. Il leur demanda encore s’ils avaient été atteints dans la mêlée ou bien à distance ; ils dirent que c’était à distance. Alors les porte-cannes prétendirent que la mêlée avait été un jeu superbe ; mais ceux qui en avaient reçu des atteintes s’écrièrent que ce n’était point un jeu que d’être frappé de si près, et en même temps ils montrèrent les coups que les porte-cannes leur avaient administrés, sur les mains, sur le cou, voire même au visage. Alors on se mit à rire les uns des autres.
Le lendemain toute la plaine était emplie de gens qui faisaient le même exercice ; et depuis, dès que le service le permettait, on jouait à ce jeu. »

Article proposé par Laurent Bastard. Merci :)

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