Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LA VITESSE DU COUP DE CANNE (1891)

La pratique de la canne d’armes nécessite, entre qualités, une grande vitesse d’exécution des mouvements. Des recherches scientifiques de la fin du XIXe siècle ont porté sur la mesure de cette vitesse, alors qu’il n’existait pas les appareils perfectionnés d’aujourd’hui (sans parler des radars le long des routes !).

L’étude qui suit est signée de Georges DEMENY (1850-1917). Passionné par la photographie, inventeur. Il collabora avec Etienne Jules MAREY, l’inventeur de la chronophotographie. On le considère comme un précurseur du cinéma (en 1894 il invente l’ancêtre de la caméra dont il céda les droits à Léon Gaumont). C’était aussi un gymnaste qui étudia scientifiquement les mouvements des athlètes. En 1903 il fonda le Cours Supérieur d’Education Physique. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet, dont des manuels d’éducation physique pour les écoles, « Les bases scientifiques de l’Education physique » (1902), « Mécanisme et éducation des mouvements (1905).
Le texte qui suit est extrait de « La Nature, revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l’industrie, journal hebdomadaire illustré », publié sous la direction de Gaston Tissandier, n° 932 du 11 avril 1891, p. 296-297. Il fait suite à « La vitesse du coup de poing » publié dans la même revue, n° 922, du 31 janvier 1891, p. 135.

« ETUDE EXPERIMENTALE DES EXERCICES PHYSIQUES – LA VITESSE DU COUP DE CANNE

Les exercices de cannes sont des exercices d’agilité qu’il est impossible de ne pas placer à côté de la boxe française. S’ils ne demandent pas la finesse de l’escrime, ils ont, au point de vue gymnastique, l’avantage d’exiger des mouvements plus étendus et plus variés, ; au point de vue de la défense personnelle ils peuvent être quelquefois même plus utiles. Chacun n’a-t-il pas souvent une canne à la main sans se douter de ce qu’il peut en tirer en la maniant avec art.

La qualité du tireur est encore la vitesse à la parade et à la riposte, mais les coups sont moins variés que dans l’escrime et se rapprochent de ceux de l’escrime au sabre. En dehors des coups de bout, le coup de canne se donne le plus souvent à plat, en fouettant et son effet est d’autant plus sérieux que la vitesse de la canne est plus grande au moment du toucher.

Nous avons eu la curiosité de mesurer la rapidité du coup de canne chez les deux sujets qui nous avaient servi aux expériences sur la vitesse du coup de poing. Le procédé de mesure était l’analyse photochronographique. Nous avons demandé à ces deux sujets d’élite de nous exécuter un coup de canne simple, coup qui consiste dans un abaissement violent de la canne, et un coup composé, coup qui consiste dans un coup simple précédé d’un moulinet.

Le premier sujet, M. O. Quiller, a abaissé la canne en 9/50 de seconde. La pointe de celle-ci a acquis une vitesse maximum de 65 centimètres en 1/50 de seconde ou, ce qui revient au même, de 32 m, 50 à la seconde.
Cette vitesse est mesurée sur la plaque photographique par la distance entre deux images consécutives de l’extrémité de la canne. La canne avait pour longueur 1 m, 15 et la distance parcourue horizontalement par la pointe a été de 2m, 50 d’arrière en avant.

Dans la seconde expérience qui consistait à analyser le coup composé, nous avons trouvé, pour le même sujet, les chiffres suivants : durée du moulinet préparatoire, 17/50 de seconde ; durée du coup, 9/50 de seconde ; durée totale du coup, 26/50 de seconde. La pointe de la canne atteint, dans cette seconde expérience, la même vitesse maximum que dans le coup simple.

Le second sujet, M. Sandoz, comparé au précédent, donne les nombre suivants : 1° Coup de canne simple (fig. 1) : durée de l’élévation de la canne, 14/50 de seconde ; durée de l’abaissement de la canne, 8/50 de seconde ; durée totale du coup de canne, 22/50 de seconde. Espace parcouru horizontalement par la pointe, 80 centimètres. Vitesse maximum de la pointe, 64 centimètres en 1/50 de seconde ou 32 mètres à la seconde ; 2° Coup de canne composé (enlevé). Durée du moulinet : 16/50 de seconde ; abaissement de la canne ou coup réel, 8/50 de seconde ; durée totale du coup, 24/50 de seconde.

Il résulte de ces mesures que le moulinet qui précède le coup simple n’a pas eu pour effet d’augmenter le moins du monde la vitesse du coup. On aurait pourtant pu penser que pendant le moulinet, la vitesse de la canne s’accélérait et que le coup était ainsi plus dangereux. Nous avons vu qu’il n’en est rien ; cependant le moulinet peut avoir l’avantage de dissimuler le coup que l’on va donner et de fermer la ligne à l’adversaire en se couvrant. Nous soumettons cette expérience aux professeurs qui en savent beaucoup plus long que nous à ce sujet. »

L’illustration est ainsi légendée : « Fig. 1 : Analyse du coup de canne et recherche de la vitesse au moyen de la photochronographie. Images successives à 1/50 de seconde d’intervalle (cliché de la station physiologique). Reproduction directe par l’héliogravure.

(A suivre…)

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

NB// cet article ainsi que la seconde partie programmée dans quelques jours, intéressera particulièrement nos amis pratiquants de canne de combat ! FM

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1 Comment to “LA VITESSE DU COUP DE CANNE (1891)”

  1. Venot dit :

    Bonjour

    Merci pour ce retour en arrière et cette étude.
    Savez vous s’il existe d’autres images chronophotographiques sur le sujet?

    Cordialement

    SVenot

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