Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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CANNE DE COMPAGNON INTERDITE A L’EGLISE EN 1898

A partir des années 1880 et jusqu’aux premières années du XXe siècle, des incidents se produisirent ici et là entre les prêtres et les compagnons lors des funérailles de leurs Pays et Coteries. Nous étions en pleine période d’anticléricalisme et de raidissement de l’Eglise face aux attaques des libres-penseurs, des socialistes et des francs-maçons. Si bien que lorsque les compagnons formaient leur cortège pour accompagner leur défunt à l’église, les prêtres les obligeaient souvent à oter du cercueil tout emblèmes analogue à ceux des francs-maçons et notamment le compas associé à l’équerre.

Il fallait négocier avec eux, expliquer que malgré des emblèmes similaires les deux mouvements étaient différents, mais quelquefois force restait au ministre du culte et les compagnons devaient enlever tout ce qui heurtait le desservant avant d’entrer dans l’église.

Mais le zèle des prêtres allait parfois plus loin encore. Dans le journal « Le Ralliement des compagnons du Devoir » du 11 décembre 1898, est relaté l’incident qui se produisit en septembre, à La Coquille (Dordogne). C’est là qu’était décédé un vieux compagnon maréchal-ferrant du Devoir nommé Berbessou dit « Périgord Plein d’Honneur ». Lors des obsèques, il fut assisté de son fils, compagnon lui aussi. Une première cérémonie eut lieu dans cette commune, suivie d’une autre à Chalus (Haute-Vienne), où habitait le fils, juste avant l’inhumation. Laissons la parole au rédacteur de l’article :

« Ici nous allons connaître un incident survenu à l’église de La Coquille (Dordogne). Sur le cercueil on avait placé la canne du défunt. Le prêtre qui a officié a exigé que la canne fût enlevée, ce qu’a fait le fils aîné, et l’a gardée dans l’église en la portant en vrai devoirant.
Il n’en a pas été de même à Chalus, la canne étant sur le cercueil, à l’église comme au cimetière, le prêtre a accompli les cérémonies religieuses sans s’occuper de la canne, ce qui prouve le tact et le bon sens de ce prêtre, qui a compris qu’il n’y avait (là) rien d’anti-religieux, pas plus que (dans) celle que portent les bedeaux. »

Sur l’usage de placer la canne du compagnon défunt, ou d’autorités militaires, sur leur cercueil, voir l’article : Une canne posée sur un cercueil

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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