Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LA CANNE DES COMPAGNONS ALLEMANDS

Au-delà du Rhin, en Allemagne, existent depuis le XVe siècle au moins des associations de compagnons de divers métiers. Comme les compagnons français, ils voyagent et font leur tour d’Allemagne. Ils ont toujours été de grands voyageurs, qui parcouraient autrefois toute l’Europe de l’Ouest jusqu’aux confins de la Russie. On en trouve des témoignages (enseignes, sculptures) en Roumanie, en Hongrie et dans divers Etats de l’ancienne Yougoslavie.

Aujourd’hui encore ils voyagent non seulement en Allemagne, dans toute l’Europe, mais aussi en Afrique (en Namibie, ancienne colonie allemande) et en Amérique, où ils disposent d’auberges attitrées et de points d’accueil. Leur voyage dure au moins trois ans et un jour, sans pouvoir revenir à moins de 50 km de leur point de départ. Les métiers du bâtiment sont les plus représentatifs : charpentiers, menuisiers, maçons, tailleurs de pierre, couvreurs.

Au-delà de l’exercice d’un métier, du voyage et d’une cérémonie initiatique (la réception), leurs coutumes diffèrent de celles des compagnons français. Leur costume de velours noir est particulier, ils portent une longue boucle d’oreille avec le « blason » de leur société, ils sont identifiables par une cravate de couleur (et non des rubans colorés ou des écharpes comme en ont les compagnons français), leur sac de voyage est un grand mouchoir imprimé roulé (le Charlottenburger). Et enfin, ils portent une canne torse.

Cette canne, ou plutôt ce bâton, appelé « Stenz », est très caractéristique et aucun ne ressemble à un autre. En effet, c’est le compagnon lui-même qui va en forêt chercher son bâton (on dit que c’est le bâton qui l’appelle). Il choisit un bâton devenu tors à cause de l’enroulement d’une plante qui a poussé à son pied (en général du chèvrefeuille).

Sur les documents (dessins et photos) où figurent des groupes de compagnons allemands, on constate la diversité des bâtons, certains fins, d’autres massifs comme des gourdins, mais tous sont tors.

Depuis 1951 plusieurs sociétés de compagnons allemands et deux de compagnons français sont membres de la Confédération des compagnonnages européens ou C.C.E.G. (le G signifie « Gesellen, c’est-à-dire « compagnons »). Le « logo » de cette confédération est formé d’une chaîne et de deux mains serrées, emblèmes de fraternité, ainsi que d’une canne torse de compagnon allemand et d’une canne droite de compagnon français, passées en sautoir.

Plusieurs des illustrations de cet article sont issues d’une brochure d’information pour les compagnons du bâtiment en voyage, publiée en 2014 sous le titre : « Hinaus in die Ferne. Drei Jahre und ein Tag bei den rechtschaffenen fremden Gesellen », que l’on peut traduire à peu près comme ceci : « Dehors au loin. Trois ans et un jour chez les honnêtes compagnons étrangers ».

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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