Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LA CANNE DU MARECHAL DE VILLARS, PAR MADAME CAMPAN (1822)


Claude Louis Hector, duc de Villars, maréchal de France (1653-1734), fut un vaillant officier sous Louis XIV. Devenu bien vieux, en 1730, sous le règne de Louis XV, il rencontra la reine et eut lieu l’épisode qui suit, rapporté par Jeanne CAMPAN (1752-1822).

Madame Campan, comme on la désigne habituellement, fut la lectrice et première femme de chambre de Marie-Antoinette ; elle a laissé des Mémoires posthumes sous le titre : « Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, reine de France et de Navarre » (1822). Voici ce qu’elle nous rapporte au sujet de la canne du maréchal :

« En 1730, la reine Marie Leckzinska, se rendant à la messe, trouva le vieux maréchal appuyé sur une béquille de bois qui ne valait pas trente sous : elle l’en plaisanta, et le maréchal lui dit qu’il s’en servait depuis une blessure qui l’avait forcé de faire cette emplette à l’armée. La reine, en souriant, lui dit qu’elle trouvait sa béquille si indigne de lui, qu’elle espérait bien en obtenir le sacrifice.

Rentrée chez elle, Sa Majesté fit partir M. Campan pour Paris, avec l’ordre d’acheter, chez le fameux Germain, la plus belle canne à béquille en or émaillé qu’il pût trouver, et lui ordonna de se rendre de suite à l’hôtel du maréchal de Villars, et de lui porter ce présent de sa part.

Il se fit annoncer et remplit sa commission ; le maréchal, en le reconduisant, le pria d’exprimer toute sa reconnaissance à la reine, et lui dit qu’il n’avait rien à offrir à un officier qui avait l’honneur d’appartenir à Sa Majesté, mais qu’il le priait d’accepter son vieux bâton ; qu’un jour peut-être ses petits-fils seraient bien aises de posséder la canne avec laquelle il commandait à Marchiennes et à Denain.

On retrouve dans cette anecdote le caractère connu du maréchal de Villars, mais il ne se trompa pas sur le prix que l’on mettrait à son bâton. Il a été conservé depuis ce temps avec vénération par la famille de M. Campan.
Au 10 août 1792, une maison que j’occupais sur le Carrousel, à l’entrée de la cour des Tuileries, fut entièrement pillée et en grande partie brûlée ; la canne du maréchal de Villars fut jetée sur le Carrousel, à raison de son peu de valeur, et ramassée par mon domestique. Si l’ancien maître de cette canne eût vécu à cette époque, nous n’aurions pas vu une si déplorable journée. »

Cette modeste canne, qui était en même temps illustre à cause de son propriétaire initial, a-t-elle été conservée quelque part et par qui ?

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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