Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
« ROMPRE UNE LANCE » ET « CASSER UNE CANNE »
Categories: Bâton inclassable

Voici un article de circonstance pour la Saint-Valentin…

Dans l’article Bâton masculin nous avons donné un aperçu des expressions métaphoriques par lesquelles le sexe de l’homme est comparé à un bâton.

Dans le même esprit, il faut évoquer la vieille expression « rompre une lance » pour dire « faire l’amour » jusqu’à l’achèvement de l’acte sexuel.
Elle est employée à de nombreuses reprises dans le recueil anonyme « Les Cent nouvelles nouvelles » écrit vers 1460, et fait allusion aux tournois durant lesquels les chevaliers, armés de leur lance, frappaient l’écu de leur adversaire, parfois jusqu’à la rupture de leur arme, signe qu’ils avaient touché au but.

Quelques occurrences : « Quand il fut maître de la place, il rompit sa lance, et lors cessa l’assaut et ploya l’œuvre » (21e nouvelle).
« Quand ces bons cordeliers eurent tant fait que plus ne pouvaient, ils se partirent sans dire mot, et retournèrent en leur chambre, chacun comptant son aventure. L’un avait rompu trois lances ; l’autre quatre ; l’autre six ». (30e nouvelle).
Dans la 86e nouvelle, la lance ne se rompt pas le soir des noces : « Sitôt que la porte fut fermée, lui, qui n’avait plus que son pourpoint sur le dos, la jette à bas et monte sur le lit et se joint au plus près de sa dame des noces, la lance au poing, et lui présente la bataille. A l’approche de la barrière où l’escarmouche se devait faire, la dame prit et empoigna cette lance droite et raide comme un cornet de vacher, et comme elle la sentit ainsi dure et de grosseur très bonne, elle fut bien ébahie, et commença à s’écrier très fort, en disant que son écu n’était pas assez puissant pour recevoir ni soutenir les horions de si gros fût. Quelque devoir que notre mari pût faire, il ne put trouver la manière d’être reçu à cette joute ; et, en ce débat, la nuit se passa sans rien besogner, ce qui déplut fort à notre sire des noces. »

Or, les expressions évoluent tout en conservant le même sens. Ainsi, le temps des chevaliers étant passé, au XIXe siècle on disait, en argot : « casser une canne ». Ce qui signifiait « dormir » et « faire l’amour ». Le site languefrancaise.net (dictionnaire d’argot de la langue française) donne une citation empruntée à « Paris-Impur » de Charles Virmaître (1891) : « La fête terminée, le mac attendri et éméché dit à la marchande de chapelets : – Si nous allions, comme autrefois, casser une canne ? »

Pour en finir avec ces (agréables) ruptures amoureuses, on rappellera le mot de Pauline Metternich, épouse de Richard Metternich, ambassadeur d’Autriche à Paris, au temps de Napoléon III. Pauline Metternich était une femme d’esprit et fort élégante. L’impératrice Eugénie évoqua un jour avec elle les infidélités de son mari et lui demanda comment elle faisait pour empêcher celles de l’ambassadeur. Pauline lui répondit : « Oh ! moi, c’est bien simple, pour l’empêcher de courir, je lui casse la patte tous les matins. »

Article rédigé par Laurent Bastard, merci ;)

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