Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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UNE ÉPÉE DANS LE BÂTON DU PRINCE DE CONTI (1650)

L’anecdote historique qui suit figure dans l’ouvrage intitulé « Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France depuis l’avènement de Henri IV jusqu’à la paix de Paris conclue en 1763 » par M. PETITOT, tome XXXIV, p. 287-288. Ce livre réédita les Mémoires de l’abbé Robert ARNAULD d’ANDILLY (1589-1674), écrites vers 1666-1667, où l’épisode se situe durant les troubles de la Fronde contre Mazarin et la minorité de Louis XIV (1648-1653).
L’abbé Arnauld d’Andilly était familier des princes du temps et notamment du prince Armand de Bourbon-Conti (1629-1666). Ce dernier complotait avec son frère le prince de Condé et son beau-frère le duc de Longueville. Ils furent arrêtés au Palais-Royal le 18 janvier 1650 et emprisonnés au château de Vincennes. Le prince de Conti ne retrouva sa liberté qu’après le départ de Mazarin, le 7 février 1651.

Arnauld d’Andilly nous raconte le stratagème qu’il conçu pour procurer une épée au prince de Conti en la dissimulant dans un bâton qui lui servait de béquille.

« Ce fut la nuit du 18 janvier 1650 qu’on paya les services de ce grand prince, qui venait de conserver au Roi sa couronne, par la plus injuste prison qui fut jamais. On arrêta en même temps tous ceux que l’on croyait être le mieux avec lui, et M. Arnauld ne s’en sauva que par le plus grand hasard du monde. (…) Comme il avait grand intérêt à se bien cacher, il changeait presque tous les jours de logis, sa femme le suivant partout (…).
Il trouva bientôt le moyen de faire tenir de ses lettres à M. le prince, et d’en recevoir de lui. Il courait toute la nuit pour ses intérêts, et il eut même l’adresse de lui faire tenir une épée dans sa prison. L’invention en fut assez bien imaginée pour trouver place dans ces Mémoires.

M. le prince de Conti, qui se trouvait incommodé, avait demandé un bâton en béquille et un lit de camp. On sait que les colonnes de ces sortes de lit sont brisées, et qu’une des moitiés se joint à l’autre par un tourillon qui entre dans un trou de l’autre moitié. M. Arnauld fit faire une de ces moitiés de colonnes toute creuse, et logea dedans un bâton dans lequel était une épée. Ce bâton était tout à fait semblable à la béquille qu’on envoyait à M. le prince de Conti ; de manière que le manche de la béquille se pouvait ajuster sur ce bâton mystérieux. Quand le lit fut tendu, et que les princes furent seuls la nuit dans leur chambre, comme ils étaient avertis du secret, ils tirèrent le bâton de son lieu, et remirent celui de la béquille en la place. Mais comme la pesanteur du fer eût pu découvrir le mystère si quelqu’un y eût touché, ils firent si bien que, sans qu’on y pût faire de réflexion, cette béquille était toujours tenue par quelqu’un des trois. Une épée entre les mains d’un homme qui s’en savait si bien servir que M. le prince pouvait beaucoup contribuer à l’exécution des entreprises qu’on formait pour leur liberté. »

On notera que ce n’est pas la première fois que nous rencontrons des anecdotes relatives à la dissimulation d’objets divers dans des bâtons creux et notamment des armes blanches.

Les portraits joints à cet article sont ceux du prince de Conti et de l’abbé Arnauld d’Andilly, en ligne sur les notices Wikipédia. Le texte complet des Mémoires d’Arnaul d’Andilly est consultable via Google.livres

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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