Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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« UN BATON, DEUX BATONS, TROIS BATONS… » OU LES VEPRES D’AUCALEUC

Benjamin JOLLIVET, dans « Les Côtes du Nord, histoire et géographie de toutes les villes et communes du département » (1854), rapporte, à l’entrée AUCALEUC, qu’il existait dans cette commune une curieuse chanson dénommée « Vêpres d’Aucaleuc ».
Il explique qu’ « on a donné ce nom à une sorte de récitatif à plusieurs voix, qui n’a pas dû coûter de grands efforts d’imagination à son auteur, mais qui n’en est pas moins expressif. Au surplus, le voici :

Première voix :
Un bâton, deux bâtons, trois bâtons ;
Si j’avais encore un bâton, cela ferait quatre bâtons !

Deuxième voix :
Quatre bâtons, cinq bâtons, six bâtons ;
Si j’avais encore un bâton, cela ferait sept bâtons !

Troisième voix :
Sept bâtons, huit bâtons, neuf bâtons ;
Si j’avais encore un bâton, cela ferait dix bâtons !

On continue ainsi indéfiniment, en augmentant toujours de trois en trois.

Comme toute chose a sa raison d’être, nous aurions bien voulu savoir pourquoi l’on avait donné le nom de « Vêpres d’Aucaleuc » à cet étrange dialogue chantant, dans lequel on ne parle que de bâtons, exprimant sans cesse le désir d’en posséder un plus grand nombre ; mais on n’a pu nous donner sur ce sujet que des renseignements fort vagues.

Il paraîtrait cependant qu’à une époque déjà bien loin de nous, puisque le souvenir de cette scène tragique est aujourd’hui complétement effacé de la mémoire des habitants ; il paraîtrait, disons-nous, qu’à une époque reculée, il y eut à Aucaleuc, pendant les Vêpres, sans doute, une lutte acharnée à laquelle prit part, comme toujours, le terrible « pen-bas », frappant probablement au cri redouté par Jules César lui-même : Torr he ben ! brise sa tête ! Car il ne faut pas oublier qu’autrefois on parlait l’idiome breton jusqu’à Dol.

La lutte aura commencé peut-être par une querelle particulière. Un bâton se sera levé, puis deux, puis trois, et la mêlée sera devenue générale.
Peut-être aussi l’usage du bâton était-il dans les habitudes de ce pays, ce qui aura nécessairement donné aux habitants une réputation de force. Il est possible qu’on les ai appelés « ar called », les durs, les forts. Puis, plus tard, par corruption, « aucaleuc ».

La gravure illustrant cet article représente une rixe où les bâtons se mêlent à une chaise, une fourche, une pelle et un couteau (Le Magasin pittoresque, septembre 1866, p. 320).

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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1 Comment to “« UN BATON, DEUX BATONS, TROIS BATONS… » OU LES VEPRES D’AUCALEUC”

  1. Laurent BASTARD dit :

    On comparera ces « vêpres d’Aucaleuc » en Côtes-d’Armor avec les « vêpres de Beausse », en Maine-et-Loire, rapportées dans l’article du 17 janvier 2012.

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