Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
Quand les cannes servaient à piquer les fesses des dames !

Voici un article proposé par Mathieu Guerry que nous remercions très chaleureusement pour cette contribution !

Au début du XIXème siècle, plus précisément entre décembre 1819 et janvier 1820 une légende urbaine va grossir dans les rues de Paris et des grandes villes de France… Celle des « piqueurs de fesses » !
Concrètement l’affaire commence en décembre 1819 où le journal Le moniteur universel se fait l’écho d’une rumeur qui enfle dans Paris et qui prend tellement d’ampleur que la préfecture de Police publie un communiqué dont voici un extrait :
« Un particulier, dont on n’a pu se procurer le signalement que d’une manière imparfaite, se fait depuis quelque temps un plaisir cruel de piquer par derrière, soit avec un poinçon, soit avec une longue aiguille fixée au bout d’une canne ou d’un parapluie, les jeunes personnes que le hasard lui fait rencontrer dans les rues, sur les places ou sur les promenades publiques.
Celles sur lesquelles il semble qu’il ait de préférence exercé, jusqu’à ce jour, sa coupable et dangereuse manie, sont les jeunes personnes que les principes d’une éducation soignée, une timidité naturelle, ou la crainte d’occasionner un éclat ou du scandale, ont dû empêcher de se plaindre aussitôt qu’elles se sont senties blessées. »

Dans les jours et mois qui suivirent ce sont plusieurs journaux qui se font l’écho de la rumeur et l’on passe d’un seul individu à plusieurs, de petites piqures aux fesses ou aux seins à de quasi-assassinats et pseudo-empoisonnements, les jeunes hommes en seraient aussi victimes, les « piqueurs » se multiplient, se trouvent dans les villes de province, les écoliers s’y mettent, les caricaturistes et les chansonniers se jettent sur l’affaire, parce qu’on est en France les hommes politiques se déchirent sur le sujet : les royalistes y voient une manoeuvre du gouvernement pour éloigner l’opinion publique des travaux parlementaires en cours… Bref, une légende urbaine est née !

Il faudra l’arrestation en fin janvier 1820 d’un pauvre bougre, tailleur de son état, Auguste-Marie Bizeul, reconnu par trois femmes et condamné à 5 ans de prison et 500 francs d’amende (bigre, c’est énorme !) pour que la rumeur s’apaise.

Il y aura encore quelques résurgences de ces « piqueurs » dans les années 1822 et 1823 mais la mode s’éteint… Et les parisiennes purent à nouveau se déplacer sans risque pour leurs fesses !

;)

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