Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE BATON NORMAND « A COUTISSE »

L’abbé Léonor BLOUIN publia en 1901 un intéressant ouvrage intitulé « Moeurs et coutumes de Basse-Normandie ». Il y rapporte (p. 300-301) un épisode survenu « il y a déjà longtemps, un lundi de pentecôte », dans l’église paroissiale du Mont Saint-Michel.

Un vieux militaire très pieux ayant aperçu la statue de l’archange Saint-Michel perçant le dragon de sa lance, « se croyant encore à la guerre, lève tout à coup son bâton, après avoir craché dans sa main pour le tenir plus solidement, et il frappe un coup terrible sur la tête du dragon. » Il l’abreuve d’injures et l’accuse de tous les malheurs qu’a connu l’Eglise depuis la Révolution.

L’abbé Blouin ajoute que : « Le bâton qui a servi à cette oeuvre de trop grande hardiesse était conservé, il y a peu de temps encore, comme une sorte de relique. Il était de « meslier », le néflier des savants, tout « virolé » de plusieurs tours de spire et terminé en son sommet par une lanière de cuir enroulée sur une longueur de 10 pouces et terminée par une « coutisse » à plusieurs noeuds imitant un fouet minuscule. Ce cuir, toujours d’un beau noir, était constellé de clous jaunes luisants comme de l’or et donnant au meilleur compagnon de voyage de nos pères un air de gaieté et une note de richesse. »

Une coutisse est un lacet de cuir. Mais n’importe qui ne portait pas le bâton à coutisse au milieu du XIXe siècle :
« Ces bâtons-là étaient encore très communs, il y a un demi-siècle, parmi les gens de notre pays ; mais il est à remarquer que seuls les bourgeois, maîtres de maisons, parvenus à la limite de l’âge mûr et de la vieillesse avaient le droit de porter le bâton à « coutisse ». Les jeunes gens, en effet, faisaient parfois usage d’une baguette de saule ou de bourdaine et les vieillards s’appuyaient péniblement sur un long bâton ferré qu’ils prenaient à deux mains et qu’ils appelaient leur troisième jambe. »

Toujours les mêmes questions : connaît-on des représentations de ce type de bâton ? En a-t-il été conservé auprès des descendants de ses possesseurs normands ? En existe-t-il qui soient exposés dans des musées d’arts et traditions populaires de Normandie ?

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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