Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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L’INDUSTRIE DE LA CANNE EN 1851

Lors de l’exposition universelle qui se tint à Paris en 1851, les rapporteurs de la Commission française sur l’industrie des nations regrettèrent que les fabricants français de cannes n’aient pas été présents. Ils donnèrent cependant d’intéressantes informations sur cette industrie qui permettent de se faire une idée de son importance et de ses particularités au milieu du XIXe siècle.

Ce qui suit est extrait de : Exposition universelle de 1851. Travaux de la Commission française sur l’industrie des nations, tome VII, 1855, p. 123-125 (consultable sur google.books).

« L’abstention des monteurs de cannes français a été fâcheuse car la monture des cannes de fantaisie est une branche d’industrie dans laquelle on excelle à Paris. Les droits élevés que l’on doit acquitter pour les joncs et les bambous rendent un commerce considérable de cannes ordinaires impossible en France ; c’est à Hambourg et à Londres que ce commerce s’est porté.

Un seul industriel de Hambourg, M. MEYER jeune, occupe deux à trois cents ouvriers, et le principal fabricant de Londres, M. Bartnet MEYERS, prépare et vend chaque année 2 500 000 rotins, principalement pour branches de parapluie et de parasol, et plus de 500 000 cannes.
On ne s’occupe guère, à Paris que de cannes de fantaisie, les travaux et les affaires qui en résultent ne sont pas sans importance. Dans les mêmes ateliers, l’on prépare et l’on monte les cannes, et l’on fait les fouets et les cravaches ; l’ensemble de cette fabrication représentait, en 1847, un mouvement d’affaires de 3 507 208 francs ; 165 entrepreneurs et 968 ouvriers concouraient à cette production.

La préparation des cannes n’est pas une industrie aussi simple qu’on se l’imagine ; elle se compose d’opérations nombreuses et qui varient selon la nature végétale ou animale des matériaux. Cinq ou six cents espèces ou variétés de bois, joncs ou roseaux, sont employés dans cette industrie ; mais une trentaine seulement sont d’un usage habituel.

La moindre canne a passé au moins vingt fois dans la main de l’ouvrier. Il a fallu conserver le bois en magasin pendant un certain temps, quelquefois détacher l’écorce, dresser, tailler, polir, teindre, dans certains cas enjoliver de dessins imprimés, vernir, garnir d’un bout, d’un cordon, d’une bague, d’une poignée.
Les cannes faites de baleine, d’écaille, de corne de bélier, de corne ou de peau de rhinocéros, d’ivoire, etc., n’offrent pas moins de difficultés, et l’on sait que la baleine et la corne de bélier ne sont façonnées en cannes qu’à l’aide de procédés assez curieux.
En Angleterre et en Allemagne, la canne est terminée communément par une pomme, une crosse ou un bec de corbin d’ivoire, d’os ou de corne. En France, la monture est l’objet principal de cette branche d’industrie ; nos premiers fabricants n’ont pas moins d’un millier de modèles d’une diversité singulière, et ils en produisent de nouveaux chaque année.
Les poignées sont de cornaline, d’agate, d’aventurine, de corail, d’écaille, d’ivoire, de bronze doré, d’argent oxydé, etc. ; elles sont sculptées, gravées ou ciselées, enrichies d’émaux, d’or ou de perles ; on en fait qui sont recouvertes d’une tresse de fils d’or ou d’argent. Il n’y a guère de canne élégante qui ne sorte d’un atelier parisien, et l’on envoie de Hambourg à Paris les cannes dressées et vernies pour qu’elles y reçoivent des montures de fantaisie.
Vingt-cinq fabricants de cannes étrangers avaient exposé ; plusieurs d’entre eux méritent d’être cités, notamment M. H.C. MEYER jeune, de Hambourg, et M. B. MEYERS, de Londres. MM. SCHULZ, d’Essen, et TAUTZ, de Vienne, avaient envoyé des collections de cannes bien préparées, et en général d’un prix modique. »

Article proposé par Laurent Bastard. Merci :)

1 Comment to “L’INDUSTRIE DE LA CANNE EN 1851”

  1. [...] avons évoqué Théodon fils, grand fabricant de cannes parisien en 1849, lors d’un précédent article. D’autres fabricants participèrent à l’exposition agricole et industrielle de Paris, [...]

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