Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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Les différentes manières de tenir une canne compagnonnique

Compagnon cloutier en tenue de deuil

La canne d’un compagnon du tour de France a d’abord été un instrument de marche, de défense et d’attaque mais comme elle est devenue un véritable attribut identitaire, elle est porteuse de sens et intervient lors de plusieurs rites. Nous avons déjà rencontré celui de la voûte de cannes (voir l’article) mais il en est bien d’autres.

Passons en revue les instructions les plus courantes rapportées dans les anciens réglements quant aux différentes manières de tenir la canne et la signification qui y est attachée.

Il existait des variantes d’une association à une autre mais l’usage commun est toujours de la tenir en marchant, le pouce sur le pommeau.

La canne se tient toujours en main droite, et mettre la canne dans la main gauche, c’est accepter un service. Jeter l’embout en arrière, c’est défiance. La tenir dans la main droite, avec le cordon, c’est signe d’amitié. Mais tendre la main gauche, alors que la droite demeure posée sur la pomme, dans le cordon, c’est mépris envers celui qui est en face.
Par ailleurs, la porter l’embout en avant, le jour, c’est provocation mais la nuit, prévoyance.

Le fait de la tenir par la pomme, exprime la confiance envers l’autre.

Présenter la pomme en avant , c’est demander la paix.

Laisser traîner sa canne, cest mépris.

Saluer avec la canne la pomme à la hauteur du front, c’est dévouement.

Lors de l’enterrement d’un compagnon, ses « pays » et « coteries » (frères) tiennent leur canne sous le bras, la main tenant le jonc, pommeau dirigé vers le sol.

Au repos, le compagnon s’appuie des deux paumes sur le pommeau.

On évoque jusqu’à treize ou quatorze manières de tenir sa canne, pour exprimer ses sentiments vis-à-vis de son interlocuteur, sans avoir besoin de lui parler.

L’illustration représente un compagnon cloutier du Devoir, dans la tenue qui perdura durant les cérémonies jusqu’à la fin du XIXe siècle. Ses cheveux longs sont dénoués et tombent sur ses épaules. Il porte un bicorne, des bas et des culottes courtes à la mode de l’Ancien Régime. Il tient sa canne sous le bras, le pommeau incliné en avant. C’est la position observée lors de l’enterrement d’un compagnon. Cette image est extraite de l’une des quatre planches éditées par Agricol PERDIGUIER en 1858 sous le titre « Le Compagnonnage illustré ».

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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