Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
MME DEBIEN, MARCHANDE DE CANNES PARISIENNE A LA FIN DU XIXe SIÈCLE

Cette photographie est extraite du beau livre de Fabienne Reboul-Scherrer : « Les petits commerces d’autrefois », publié aux Editions du Chêne en 2011. Elle nous montre un marchand de cannes et de parapluies à l’entrée de son magasin, à Paris, 18, galerie Vérot-Dodat (1er arrondissement), à la fin du XIXe siècle. C’est le commerce de « Mme DEBIEN, fabrique de parapluies, ombrelles et cannes, recouvrages, réparations », comme l’indique l’enseigne perpendiculaire à la porte d’entrée.

Dans un présentoir et derrière les vitres de la boutique sont exposés de nombreux modèles de cannes et de parapluies. Sur les vitres on lit : « FABRIQUE ET RÉPARATIONS EN TOUS GENRES » et « RECOUVRAGES ET COMMANDES SOIGNÉS ».

L’auteure, dans son chapitre « Marchand de cannes, parapluies, ombrelles », apporte des informations intéressantes sur cette activité (p. 124) :

« Si l’homme élégant ne se séparait guère de sa canne, jusque dans les années 1930, la femme élégante persista à porter des ombrelles, assorties à ses tenues, jusqu’au début des années 1920, quand le bronzage vint à la mode. A partir du moment où leur fabrication en série en diminua le prix, ces accessoires se démocratisèrent rapidement, et le port de la canne, en particulier, indice d’une condition bourgeoise dans la première partie du XIXe siècle, se répandit dans toutes les couches de la société.
Le parapluie, ce petit toit portatif dont Marco Polo avait noté avec surprise l’emploi en Chine, était d’un usage courant dès le tournant du XXe siècle. C’était un accessoire facile à oublier et les services des objets perdus en regorgeaient, ce qui devait favoriser le commerce du marchand de parapluies, lequel proposait généralement aussi des cannes et des ombrelles.

Là encore, coexistaient les boutiques de luxe et celles qui fournissaient une clientèle populaire. Les perfectionnements les plus fantaisistes étaient permis : « Voici d’abord la canne-siège, très utile pour les peintres ; la canne-lampe, à essence ou à bougie, connue de tout le monde ; la canne avec montre servant de pomme ; la canne avec éventail remisé dans l’intérieur du manche ; la canne avec pomme chauffe-main ; la canne avec un sujet mobile, mû par une petite pile électrique ; la canne anti-épidémique, dont le pommeau renferme une petite éponge imbibée d’acide phénique ; l’acide phénique, d’ailleurs, peut être remplacé par un parfum plus agréable. »
Je ferai grâce au lecteur des développements sur la canne à épée, la canne à herboriser, la canne pour fumeurs… et bien d’autres encore. Le parapluie n’était pas en reste et on y trouvait à peu près les mêmes raffinements – un seul lui appartenait tout à fait en propre, « le parapluie-guide, avec une petite fenêtre pratiquée dans l’étoffe pour permettre de voir devant soi. » (…)

Le passage chez le marchand de cannes, parapluies et ombrelles était inévitable quand on avait la moindre prétention à l’élégance, et le guide publié à l’occasion de l’Exposition universelle de 1855 recommandait aux étrangers la maison Farge, Lavaissière, successeur, située passage des Panoramas : « La réputation de cette Maison est tellement universelle que nous nous contenterons d’en rappeler l’existence aux Etrangers », signalant néanmoins, sans ostentation de mauvais goût et comme par arrière-pensée, qu’elle fournissait l’empereur. »

Article rédigé par Laurent Bastard, merci :)

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