Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
Canne et Bâton janissaire

C’est en jetant un oeil sur la collection du Musée de Bourg en Bresse (site internet) que je suis tombé sur ce document présentant un soldat janissaire de la garde de police.

On appréciera la forme du bâton présenté ici (qui pourrait tout de même faire penser à une rame). Une petite précision dans ce domaine est apportée par Louis Moréri, dans son « grand dictionnaire historique ou Le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane. Tome quatrième – 1759″. L’auteur précise que « les janissaires ne portent d’ordinaire, dans Constentinople qu’un long bâton, ou canne d’Inde à la main; mais leurs armes pour faire la guerre en Europe sont le sabre et le fusil ».

On peut penser que la canne d’Inde semble être ici une sorte de roseau plus qu’une canne servant au combat avec des techniques « indiennes », mais cela est sujet à discussion, sans doute, avec nos lecteurs :)

Pour en revenir à la forme du bâton présenté ici, on peut tout de même douter que cet objet ne soit qu’un simple accessoire de « représentation » lié au costume car si les détails sont justes, l’efficacité d’une telle arme doit être réelle, surtout pour un groupe de soldats entraînés au combat. Ce bâton ressemble à un casse-tête et la prise de main de cette arme posée contre le bassin se retrouve dans différentes techniques de combat au bâton, l’autre main étant prête à empoigner l’arme avec une simple rotation du bassin… Ce bâton pourrait s’avérer particulièrement efficace en combats urbains, car sa forme de petite rame (relativement fine et légère tout de même), permet des mouvements certainement sabrés (donc obliques), et rapides…mais il est vrai qu’il causera certainement moins de blessures qu’un sabre ou un couteau !

Espérons que nos lecteurs pourront nous éclairer un peu sur ces curieux bâtons.
Frédéric Morin

Tags:

2 Comments to “Canne et Bâton janissaire”

  1. Laurent BASTARD dit :

    Voici quelques compléments à l’article de Frédéric.
    D’abord, remarquons que le port de bâtons par les Janissaires est attesté de longue date, puisque la première édition du Grand dictionnaire historique de Moréri est de 1674 (1759 étant la dernière).
    Ensuite, le terme « canne d’Inde » peut induire en erreur, puisqu’il désigne communément une épice issue de feuilles d’un arbuste poussant aux Antilles ; on sait que Colomb les avait pris pour les Indes lors de sa traversée de l’Atlantique.
    La canne d’Inde de Moréri désigne sans doute un bambou ou une liane du type « jonc de Malacca ».
    Dans les « Mémoires du chevalier d’Arvieux, envoyé extraordinaire du roi à la Porte » (1735), p. 65, on apprend à quoi servaient ces bâtons : « Ces soldats armés seulement de leur long bâton et de leur cangiar à la ceinture, font trembler tous ces gens-là, et mettent dans une entière sûreté ceux qui sont sous leur conduite. Les bâtons des Janissaires sont pour l’ordinaire des cannes de six pieds de longueur, surmontées d’une grosse pomme d’ivoire ou de bois ; c’est ce qui les distingue des autres milices. Ils s’en servent avec beaucoup d’adresse et de force, et frappent sans discrétion ceux qu’ils jugent à propos de corriger ; et quand on est assez téméraire pour leur résister, deux ou trois coups de cangiar ou de poignard mettent à la raison les plus mauvais et les plus mutins. »
    Voltaire, dans l’ « Histoire de Charles XII, roi de Suède » (1731), nous informe également sur le rôle de ce type de bâton : « Ces soixante vieillards allèrent donc le lendemain matin à Vernitza, n’ayant dans leurs mains que de longs bâtons blancs, seules armes des Janissaires quand ils ne vont point au combat ; car les Turcs regardent comme barbare la coutume des chrétiens, de porter des épées en temps de paix, et d’entrer armés chez leurs amis et dans leurs églises. »
    Donc, en résumé, les bâtons des Janissaires étaient en bois blanc, mesuraient plus de 1,80 m de longueur et servaient à faire régner l’ordre.

  2. [...] Péra, l’aga leur fait donner par un janissaire (voir l’article canne et bâton janissaire) cinquante ou cent coups de bâton sur le derrière, et comme elles ne sont pas ordinairement assez [...]

Leave a Reply