Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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« MONSEIGNEUR, ACCORDEZ-MOI 150 COUPS DE BATON ! »

Dans le n° 1 de la « Revue des Enfants » de 1837 se trouve l’amusant récit intitulé « Le prix de la dédicace ». L’auteur rapporte qu’au XVIIIe siècle, « les auteurs qui composaient quelque ouvrage, se trouvaient fort heureux lorsqu’un grand seigneur voulait bien accepter la dédicace ; car une récompense pécuniaire était toujours le remerciement du noble à l’écrivain. »

Mais il fallait à l’écrivain franchir les obstacles que constituaient le suisse, l’intendant et le secrétaire, qui lui faisaient toujours barrage. L’un d’eux eut l’idée d’insister auprès de chacun des cerbères en leur promettant un tiers de la récompense attendue. Et les portes s’ouvrirent ainsi jusqu’au grand seigneur.

« Celui-ci, ayant parcouru le manuscrit, en parut fort satisfait : il remercia poliment l’auteur de sa dédicace, et lui demanda ce qu’il pourrait faire pour son service, et pour le récompenser de son travail.
« Monseigneur, dit l’écrivain, si vous voulez m’accorder une récompense, permettez-moi de la choisir. »
- « Ce que vous voudrez, Monsieur, je vous l’accorde (…) »
- « Eh bien ! Monseigneur, je vous supplie de vouloir bien m’accorder pour toute récompense cent cinquante coups de bâton. »
Le grand seigneur se leva et regarda l’écrivain avec étonnement.
- « Vous croyez peut-être, dit celui-ci, que je suis fou, vous allez juger si ma demande est raisonnable. »
Alors il lui conta les promesses qu’il lui avait fallu faire pour parvenir jusqu’à lui.

- « Pour payer, continua-t-il, les bassesses que j’ai été obligé de faire avec votre suisse, votre intendant et votre secrétaire, afin de pouvoir vous parler, j’ai pensé que ce que je vous demande était raisonnable, car en partageant la somme entre eux trois, aucun d’eux n’aura à se plaindre de sa part. Eh bien ! Monseigneur, ne consentez-vous pas ? »

Le seigneur se prit à rire ; puis il fit venir les trois personnages et leur fit une sévère réprimande sur la mauvaise volonté qu’ils mettaient à laisser arriver les gens jusqu’à lui. Il donna ensuite à l’écrivain une grosse somme d’argent, et dit à ses trois valets : « Ne vous avisez pas de lui réclamer rien de ce que je lui donne, car si cela vous arrive, je vous fait distribuer la part qui revient à chacun de vous, de la récompense qu’il m’a demandée. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci.

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