Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LES CANNES DE L’ORME DE WELLINGTON

On fait feu de tout bois, mais on en retire d’abord du profit. Les matériaux, pierres, terre et sable, ou les plantes, qui ont été les témoins muets d’un passé glorieux, font l’objet d’une vénération superstitieuse qui conduit souvent à s’en approprier une parcelle pour en faire une relique.

Il en fut ainsi de l’arbre de Waterloo, qui était censé avoir abrité le duc de Wellington (1769 – 1852), vainqueur de la bataille contre Napoléon, le 18 juin 1815. Un habitant voisin imagina d’en retirer profit en confectionnant des cannes que s’arrachaient les Anglais.

Voici ce que l’on découvre dans « Waterloo et ses environs, promenade d’un voyageur », article figurant dans la « Revue du monde catholique » du 25 juillet 1866, p. 806 (source : Google livres) :

« Sur la route de Bruxelles, à l’angle du chemin creux, s’élèvent deux ou trois maisonnettes bien basses et bien blanches. Au moment où nous passons tout auprès, un vieillard sort et fait quelques pas sur la route ; il tient à la main plusieurs cannes, fort obligeamment polies : « Elles sont faites, dit-il, du bois de l’orme de Wellington », et nous propose d’en acheter. Puis, voyant à notre réponse que nous ne sommes pas sujets de Sa Majesté Victoria, il se met à l’aise avec nous, nous conte les petits secrets du métier.

« Cet arbre était à moi, dit-il, avec le petit coin de terre où il croissait. M’a-t-il rapporté de l’argent, bon Dieu ! Quand je me trouvais à court, j’en coupais une ou deux branches ; j’en faisais des cannes, des tuyaux de pipes, des étuis. J’ai fini par vendre le tronc, qui était creux et ébranché, aux Anglais, pour trois cents francs ; aussitôt ils l’ont rasé et emporté en Angleterre.

La pure vérité est pourtant que Wellington ne s’est pas tenu un seul instant à côté ; mais, hélas ! qu’est-ce que cela fait ? On y a adossé quelques pauvres gens qui achevaient de mourir, et cela lui a toujours fait de l’honneur, savez-vous, d’être mouillé du sang de tous ces braves ! ».

Comme quoi, il n’y a que la foi qui sauve !

Le portrait du duc de Wellington, par Thomas Lawrence, est extrait de Wikipédia.

Article rédigé par Laurent Bastard.

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