Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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FEMME AU BATON ET FEMME A L’AMPHORE

L’auteur anonyme d’un article publié dans le Magasin pittoresque d’avril 1877, sous le titre « Lutte de femmes » (p. 119-120), rapporte avoir lu à Rome, en 1809, un petit conte satirique inspiré de l’observation d’un fait divers.

Cette histoire est celle de Jupiter qui, dans une Olympe triste et délabré puisque les anciens dieux ne sont plus adorés, voulut s’amuser à provoquer une petite guerre. Comme ça, juste pour voir s’il avait encore quelque pouvoir sur les êtres humains. Jupiter choisit de vérifier si elle pouvait encore se produire entre deux femmes, comme aux temps antiques.
Il lança une pièce d’or du haut de l’Olympe, et la fit tomber sur le palier qui séparait la demeure d’une femme de ménage et d’une matelassière. Au bruit de la pièce, les deux femmes sortent en même temps et veulent s’en emparer. Chacune revendique la propriété du sou. Une terrible furie s’empare d’elles.
Et Jupiter de s’écrier : « Quoi, Muse, faut-il réellement que je te croie quand tu me parles d’un gourdin noueux savamment manoeuvré par les bras blancs d’une faible femme ? d’une amphore remplie d’eau bouillante transformée en une masse d’armes ? »
Et l’auteur du poème de conclure : « Oui, mes bonnes âmes, vous avez bien raison. Pour qu’une femme oublie à ce point la douceur et la modestie qui sont l’honneur et l’ornement de son sexe ; pour qu’une chrétienne abjure à ce point la charité qui est l’esprit de la loi nouvelle, et la dignité que lui a conférée la mort sanglante du Fils de l’Homme, il faut que le lion dévorant l’ait trouvée sans défense ; il faut que le vieux levain du paganisme impur ait fermenté dans son âme. La lutte de deux femmes ! c’est une de ces horreurs auxquelles on refuse de croire, même quand on les a vues de ses propres yeux ! »
Mais la lutte de deux hommes, alors, est-elle plus belle et plus noble ?…

La scène a été illustrée par Bartolomeo PINELLI, peintre, dessinateur et graveur romain (1781-1835), dont un contemporain disait qu’il se promenait dans les rues de Rome vêtu modestement, accompagné de deux gros chiens et tenant à la main « un gourdin qui avait pour pommeau une figure de bronze. » (selon la notice que lui a consacré Wikipédia).

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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