Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
Bibliothèque de ressources historiques, culturelles, artistiques, litteraires, sportives…sur la canne et le bâton, en France et dans le monde…
LES BREVETS DE LA FABRIQUE D’ESTAMPES DEMBOUR ET GANGEL

En 1835, à Metz, Adrien DEMBOUR s’établit comme imprimeur-lithographe, succédant à Hanké et Rosch. Il rachète aussi les bois gravés de la maison Lacour, à Nancy, et ceux de la maison Ardant, à Limoges. Il s’associe ensuite, de 1840 à 1852, à Nicolas Gengel.
Metz, mais aussi Nancy et Epinal, dans l’est de la France, étaient des cités réputées pour leur production d’images, qu’elles diffusaient sur tout le territoire par le biais de représentants et de colporteurs. Dembour développera considérablement l’atelier, qui occupera en quelques années 100 ouvriers chargés de graver les bois, de les imprimer puis de les colorier à l’aquarelle et enfin de les expédier.
Les deux brevets que nous présentons émanent de la « Fabrique d’estampes de Dembour et Gangel, Metz – Déposé », donc ils ont été gravés entre 1840 et 1852. Acquis récemment par le musée du Compagnonnage de Tours, ils sont vierges de tout nom de titulaire. Il est probable qu’ils ont été acquis, avec d’autres, par un libraire-revendeur ou un maître de canne et de bâton, pour être délivrés selon les besoins.
Ces deux brevets, semblables à d’autres modèles (voir l’article Un étonnant diplôme de maître de bâton), comportent les mêmes textes extérieurs à l’image. En haut : « Franc, loyal et brave tel est le soldat français » ; en bas : « Amour de la partie » ; sur les côtés : « Vive la France » ; et enfin, l’attestation : « Nous soussignés, Maîtres et Professeurs déclarons nous être réunis aujourd’hui à l’effet de reconnaître Mr (un blanc), Elève de Mr (un blanc) en qualité de (un blanc) et après nous être assurés de ses talents et connaissances, nous lui avons délivré le présent. Nous invitons nos frères d’Armes à lui prêter aide et secours, promettant réciprocité de notre part sur leur recommandation. Fait à (un blanc) le (un blanc) 18 (un blanc). »
Les deux estampes sont similaires. Sur le parquet, deux bâtonnistes et cannistes donnent un assaut. Ils portent un unique gant pour protéger leur main droite et sont chaussés de mules. A droite et à gauche, deux personnages les observent. Celui de gauche est un militaire identifiable à son uniforme. Sur le brevet de canne, il s’agit d’un civil qui tient son chapeau à la main et sa canne bourgeoise, et sur le brevet de bâton, il s’agit d’un homme dont la fonction n’est pas déterminée (il est couvert d’un chapeau bas, d’une veste à nombreux boutons dorés sur le côté et il est ceint d’une écharpe à la taille, d’où pend une extrémité frangée).
A l’arrière-plan, des militaires de diverses armes et grades observent la scène, les uns debout, les autres assis.
Une petite différence à noter : sur les écussons ornant les tentures de la salle, les sentences diffèrent selon qu’il s’agit du brevet de canne (« Force et courage ») ou du brevet de bâton (« Adresse, force et courage »).
Quelqu’un connaît-il des exemplaires de ces brevets portant une date postérieure à celle de l’association Dembour-Gangel, c’est-à-dire après 1852 ?

A noter que le site savatestory.com donne une liste de brevets et diplômes où figurent un brevet de canne de la même fabrique d’estampes, délivré à un voltigeur en 1844, un autre brevet de canne, non daté, un troisième, de bâton (idem), ainsi qu’un brevet de chausson et de boxe (de la fabrique Gangel, à Metz, non daté)…

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci Laurent :wink:

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1 Comment to “LES BREVETS DE LA FABRIQUE D’ESTAMPES DEMBOUR ET GANGEL”

  1. Laurent BASTARD dit :

    Les brevets de canne et de bâtons étaient fièrement exposés par leurs possesseurs. En cherchant sur Google.livres, nous avons découvert l’extrait qui suit, dans J. DAUBY : « Episodes bruxellois populaires et anecdotiques », Bruxelles-Ostende, 1860, p. 38. L’auteur décrit l’estaminet Plas, tenu par un « baes » (cabaretier):
    « On voyait appendues, de chaque côté de la muraille, deux enluminures caractéristiques. Celles du côté droit représentant, le premier, l’inévitable « valet de pique » armé d’une lance surmontée d’un brillant jeu de cartes entr’ouvert, qui faisait l’admiration des amateurs ; la seconde, un « assaut de bâton », brevet obtenu par l’un des anciens baes, et devant lequel les plus fervents habitués s’extasiaient avec amour et admiraient à l’envi les formes et la pose distinguée des adversaires. »
    Ces images contribuaient donc à populariser le jeu de bâton et à conduire de nouveaux adeptes dans les salles où il s’enseignait.

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