Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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CANNES ET BEQUILLES EN EX-VOTO

La pratique qui consiste à offrir un objet à une divinité ou à saint, en remerciement d’un voeu exaucé, d’une guérison accomplie, ne date pas d’hier. Elle était connue sous l’Antiquité romaine et dans bien d’autres civilisations.

Elle s’est perpétuée avec le christianisme. Beaucoup d’observateurs des coutumes populaires du XIXe siècle signalent dans les églises la présence de cannes et de béquilles devant la statue d’un saint ou d’une sainte qui ont intercédé en faveur de malades ou d’infirmes. Ils y ont déposé les instruments dont ils n’avaient plus besoin.

En 1861, le « Dictionnaire de la conversation et de la lecture » signalait que les murs de la basilique Sainte-Geneviève, à Paris, étaient « couverts d’ex-voto, de cannes ou de béquilles ».
A Douvres-la-Délivrande (Calvados), sanctuaire marial, Jules Massé (« Le Mois de Marie », 1864) observait qu’il y avait tant d’offrandes devant la statue de la Vierge qu’on ne pouvait plus y admettre « les cannes et les béquilles de tous les malades qu’elle a fait miraculeusement marcher ».
Il y en a encore au sanctuaire de Lourdes, où des milliers de pèlerins viennent prier la Vierge Marie.
Dans l’église de Laghet, près de Nice, l’auteur de la « Notice historique » sur le sanctuaire marial écrivait en 1869 « qu’on ne peut qu’être frappé de dévotion et d’étonnement lorsqu’on voit de tous côtés des cannes et des béquilles (…) qui attestent le souverain pouvoir de la Vierge, en rappelant les infirmités guéries. »
En 1879, L. Perret notait dans ses « Erreurs, superstitions, doctrines médicales… » qu’il y a bien un millier de cannes, béquilles, berceaux, bijoux, statuettes, déposés en ex-voto comme attestation des cures opérées par la Sainte Vierge dans le saint lieu. »
Dans la chapelle de Sainte-Anne-la-Palud, près de Plonévez-Porzay (Finistère), Gustave Geffroy signalait (« La Bretagne », 1905) que près de « la statue en granit de sainte Anne sont des ex-voto pendant à la muraille, cannes, béquilles, chiffons… ». Même remarque en l’église de Sainte-Radegonde (Aveyron).

On pourrait multiplier les exemples, en remarquant que ces ex-voto semblent se rencontrer en majorité dans les sanctuaires dédiés à la Vierge Marie et que depuis le milieu du XXe siècle, ils sont beaucoup plus rares. Les guérisons le sont-elles aussi devenues ? A moins que les desservants des lieux de culte aient estimé qu’il fallait supprimer ce type d’offrandes pour éviter que les chapelles ne se transforment en bric-à-brac ou ont-ils considéré qu’il s’agissait de pratiques superstitieuses ?

La photo illustrant cet article nous a été aimablement communiquée par René Verstraete (droits réservés) : il s’agit d’un détail d’un vitrail d’Eugène Denis, maître-verrier de Nantes, posé en 1867 dans l’une des fenêtres de la basilique Notre-Dame de l’Assomption, à La Guerche-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine). On y remarque deux femmes et un homme âgé devant un prêtre qui les bénit. Au centre, sous la statue de la Vierge, deux béquilles sont accrochées au mur.

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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