Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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Le Kirri et le Rackum, bâtons des Hottentots

Bâton Hottentot Mag Pitt juillet 1859

Un précédent article nous a montré le bâton d’un devin zoulou. C’était un bâton droit, sans autre fonction que d’exprimer l’autorité spirituelle. Il n’en était pas de même du bâton-massue des guerriers du Cap, décrits sous le nom de Koras, et appartenant à l’ethnie des Hottentots.

La revue Le Magasin pittoresque de juillet 1859 a consacré un long reportage à ce peuple, d’après les observations et dessins de l’anglais Burchell (1781-1863). La gravure qui l’accompagne nous montre un Kora enturbanné, porteur de sa zagaie, de son poignard et « de son kirri ou bâton-massue ».

On peut se demander si le dessinateur a bien respecté son modèle car le kirri n’est pas décrit comme un bâton-massue par les auteurs antérieurs. Celui qui a laissé des lignes très intéressantes à ce sujet est Peter KOLBE dont les observations ont été publiées en 1741 sous le titre de « Description du Cap de Bonne Espérance » (consultable en version numérisée sur www.books.google.fr

Voici ce passage stupéfiant sur l’art de se servir du kirri et d’un autre bâton, le rackum.
« Les armes dont ils se servent ordinairement sont le bâton qu’ils appellent Rackum ; un autre qu’ils appellent Kirri (…) Ces deux bâtons sont faits l’un et l’autre de bois d’olivier ou de bois de fer. Le Kirri a environ trois pieds de long et un pouce de diamètre. Le Rackum est de la même épaisseur, mais il n’a guère au-delà d’un pied de long. Il y a un des bouts pointu. C’est une espèce de dard, qu’ils lancent à une distance considérable sans presque jamais donner à faux. Le Kirri a les deux bouts émoussés et son usage est pour parer les flèches, hassagayes, Rackums et tout ce que l’ennemi leur décoche. (…)
Les deux bâtons, le Kirri et le Rackum, et les pierres, sont leurs armes ordinaires. Le combat commence par de grands cris et aussitôt on voit tomber sur les deux armées une grèle de Rackums. Dès que ces bâtons sont employés, ils se jettent sur les pierres, dont ils ont fait auparavant de grands amas. (…) J’avoue même que si je n’eusse été témoin oculaire de la dextérité et de la promptitude des Hottentots à parer avec leurs seuls Kirris les hassagayes, les Rackums et les pierres qui leur tombent sur le corps, je n’aurais jamais pu en croire le témoignage d’un autre.
Dès qu’un Hottentot voit voler à lui quelque chose, il se tient si bien en garde avec son Kirri, et le manie avec tant de justesse, que rarement il est frappé, au moins dans un combat d’exercice. Ils se servent du même bâton pour parer les coups qu’on leur tire de loin et ceux qu’on leur porte de près ; et en tout cela, ils font paraître une adresse qui surprendrait le plus habile manieur d’espadon. »

Merci à Laurent Bastard pour cette extraordinaire trouvaille ! :)

On peut ajouter que l’art du lancer se retrouver dans certains arts martiaux et notamment au Japon, dans le shuriken-jutsu (utilisé par les ninjas). Les shuriken peuvent avoir plusieurs formes…je pense au Bo shurikent, sortes de grands stylos en bois (qu’on lance comme des couteaux…). Rackums et Bo Shuriken…même techniques ??

Frédéric Morin

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2 Comments to “Le Kirri et le Rackum, bâtons des Hottentots”

  1. [...] Nous avons déjà rencontré les bâtons offensifs des Hottentots, dans l’article « Le Kirri et le Rackum, bâtons des Hottentots« . [...]

  2. [...] lors des guerres que se livraient les Hottentots du Cap au XVIIIe siècle (voir l’article : Le Kirri et le Rackum, bâtons des Hottentots). Parer des jets de pierre avec un bâton serait donc [...]

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