Centre de Recherche sur la Canne et le Bâton
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LE CAPITAINE REMET SA CANNE EN GAGE D’HONNEUR

La canne est si associée à son propriétaire, que l’offrir à un tiers avec qui on veut parlementer s’assimile à la remise d’une partie de soi-même. On le voit bien dans le récit qui suit, extrait des « Souvenirs d’un chef de bureau arabe », par le capitaine Ferdinand HUGONNET (1858), p. 229-230 (sur Gallica).

Cet officier passa cinq années en Algérie comme commandant du « bureau arabe » de la région de Tell, en Algérie. Il y était appelé le « Cid Gouni ». Ce bureau dont dépendait un « cercle » (une zone) était chargé des liens entre les Français et les populations indigènes, sur les plans administratif, religieux, du renseignement, etc.

« Une colonne commandée par un colonel se promenait dans mon cercle, sur la frontière, amenée dans le pays par suite de l’état d’hostilité de quelques fractions de tribus étrangères. Le commandant en chef avait essayé, à mon insu, de faire venir près de lui, pour s’entendre sur un arrangement, les divers personnages marquants de ces populations, en leur promettant qu’ils pourraient en tout cas se retirer sains et saufs.

Ces individus répondirent aussitôt qu’ils ne connaissaient en fait de Français que le Cid Gouni, et qu’ils ne se présenteraient qu’avec un gage de lui. Le colonel, assez fâcheusement étonné, me fit mander et m’invita à prendre les mesures nécessaires pour obtenir ce qu’il voulait, puisque les moyens étaient à ma disposition seule.

J’envoyai une lettre avec mon cachet et ma canne, gros jonc que je portais ordinairement dans mes courses, et qui était bien connu dans les montagnes. Le lendemain, les gens mandés arrivèrent, le premier portant cérémonieusement ma canne par le milieu et à hauteur de la tête ; ils ne voulurent se rendre nulle part d’abord qu’à ma tente, d’où je les conduisis au commandant de la colonne. »

Article rédigé par Laurent Bastard. Merci :)

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