Le jour même où Foch reçut son bâton de maréchal (23 août 1918), le général Philippe Pétain (1856-1951) reçut la médaille militaire. Il lui fallut attendre l’armistice pour que, par décret du du 21 novembre 1918, lui fût décernée la dignité de maréchal. Son bâton lui fut remis à Metz le 8 décembre 1918 par le président Poincaré, en présence de Georges Clemenceau, président du conseil. On voit ici le détail de la photo publiée dans L’Illustration du 14 décembre 1918.

C’est Henri Vever (1854-1942), orfèvre d’origine messine, qui cisela le bâton de maréchal que la ville de Metz lui offrit. Et le président Poincaré le lui remit en prononçant ces mots : « Recevez du gouvernement de la République, en présence de vos aînés, le maréchal Joffre et le maréchal Foch, l’honneur que l’ancienne monarchie française a conféré jadis au maréchal Fabert. Vous êtes digne de votre devancier. » (cité par Christiane Pignon-Feller dans son article (en ligne) : « La famille Vever, une saga d’orfèvres et de patriotes messins. »)

Toujours à propos de ce fameux bâton, Violaine Challéat et Emmanuel Pénicaut ont relevé dans une lettre adressée au tout nouveau maréchal ce conseil « qui résonne de façon prophétique » : « Ne perdez pas de vue que votre bâton de maréchal est un bâton : symbole d’appui, de protection et au besoin, de correction. » (dans leur article « Philippe Pétain en taille douce ; portrait d’un homme par ses correspondants (1914-1921) » publié dans « Vingtième siècle, revue d’histoire » n° 90 de 2006).

On sait en effet combien la propagande du régime de Vichy, une vingtaine d’années plus tard, usa et abusa de ce fameux bâton étoilé transformé en manche de francisque où posé sur une enclume, jouant sur le double sens du mot « maréchal » pour appeler les Français au travail.

Un livre signé Robert Vaucher fut aussi publié en 1941 : « Quand le Maréchal prend son bâton de pèlerin ».

Des plumiers imitant le bâton du maréchal, longs de 21 cm, portant autour de l’une des bagues « Offert par le Maréchal Pétain », furent même offerts aux meilleurs élèves des écoles durant la guerre !

Qu’est devenu cet encombrant bâton, symbole de gloire à l’issue de la Grande Guerre, puis d’indignité à la fin de la seconde ?

Voir les articles : La remise du bâton au maréchal Foch (1918) et Canne et bâton maréchalistes.

Article rédigé par Laurent Bastard, merci